Lors de mes deux semaines de safaris dans la région du Kwazulu-Natal en Afrique du Sud, j’ai passé 2 nuits dans la réserve privée de Phinda. Retour sur mes 4 safaris.
La réserve privée de Phinda
D’une superficie de près de 30 000 hectares, la réserve privée de Phinda appartient au groupe &Beyond qui gère plusieurs réserves en Afrique et ailleurs dans le monde avec un grand sens de la conservation.
Elle se trouve dans la région du Kwazulu-Natal près des réserves privées de Thanda et Manyoni, du Parc de la zone humide d’iSimangaliso et de la réserve Imfolozi-Hluhluwe.
Phinda est l’une des meilleures réserves privées d’Afrique du Sud, autant pour la qualité de ses lodges que pour la qualité et la diversité de ses safaris.
Les guides ne sont pas à Phinda pour vous faire voir les Big 5 dans un rythme effréné. Non, ils sont là pour vous faire vivre une expérience unique de safari. Ils expliquent avec pédagogie, informent et prennent le temps pour observer les animaux et comprendre le bush.
Vous l’avez compris, j’ai eu un gros coup de cœur pour la réserve privée de Phinda et mes nuits au Phinda Forest Lodge. A ce titre, elle est bien entendu dans ma liste des réserves animalières incontournables du Kwazulu-Natal ainsi que dans la liste plus prisée des meilleures réserves privées d’Afrique du Sud.
Mes safaris dans la réserve privée de Phinda
Dans la réserve privée de Phinda, les invités sont en formule « tout compris » incluant la nuitée, la pension complète et deux safaris par jour. J’ai donc réalisé 4 safaris d’une demi-journée à Phinda dont voici le récit.
Lions, léopard, oryctérope du Cap et bien plus
10 septembre – Le safari commence par une observation courte mais pas commune. A la sortie du Phinda Forest Lodge, nous croisons une vipère heurtante en bord de piste. A notre arrivée, elle se met en marche si on peut dire et rejoint le bush. J’ai juste le temps de prendre un cliché. En Afrique du Sud, elle a une coloration jaunâtre assez typique. C’est un serpent très rapide quand il attaque sa proie (2,6 m/seconde).
On observe ensuite un coucal de Burchell assez commun. Phinda accueille aussi le coucal noir, beaucoup plus rare mais je n’aurai pas la chance de le voir. Il est présent en période de migration en septembre et en avril selon mon Roberts Birds Guide. Dans la foulée, on prendra le temps d’observer un guêpier nain. C’est un oiseau commun d’Afrique d’environ 17 cm et très actif. Il bouge sans cesse cherchant à capturer des insectes en vol.
Puis une femelle rhinocéros blanc et son jeune nous font face. Ils ont les cornes coupées pour lutter efficacement contre le braconnage. C’est dommage d’en arriver là mais c’est efficace. Dean, mon guide, dont le père Les est connu de beaucoup comme « le père de Phinda » nous explique comment identifier les rhinocéros. Une série d’encoches triangulaires a été ajoutée sur le bord extérieur des oreilles. Pour chaque combinaison d’encoches est attribué un numéro d’identification. Cette technique est utilisée dans de nombreuses réserves en Afrique, particulièrement dans le Kwazulu-Natal où la concentration de rhinocéros est la plus forte du continent. Elle permet notamment au-delà de l’identification d’obtenir de nombreuses informations, notamment le territoire géographique de l’animal, les associations avec d’autres rhinocéros, le suivi de l’âge, l’enregistrement des naissances…
On poursuit le safari vers le sud de la réserve. A l’approche de la piste d’atterrissage de la réserve privée de Phinda, on aperçoit une lionne mangeant un nyala mâle dans les hautes herbes. Au même moment, Dean reçoit un appel radio. Un sighting de léopards est situé pas trop loin. Tout le monde est d’accord, nous filons vers les léopards, d’autant que la lumière décline vite.
En chemin, nous croisons une girafe. L’arrêt est court. Dean se remet en route. Lorsque nous arrivons sur le sighting de léopards, un seul autre 4×4 est présent. A Phinda, le nombre de véhicules autour d’une observation est limité. Et c’est tant mieux pour les animaux qui sont moins dérangés et pour les visiteurs qui ont une bien meilleure expérience de safari. Deux jeunes léopards de moins de 18 mois sont là devant nous. Une femelle est dans un arbre avec un nyala femelle et un mâle est tapi dans le bush, presque invisible.
La nuit tombe, il nous faut repartir, nous avons les yeux qui brillent. Nous sommes guidés par la lune rousse. Quelle est belle ! Nous repassons par la piste d’aviation, un lion est tranquillement assis en bord de piste. Nous poursuivons. Je garde mon téléobjectif sur les jambes. Les retours au camp réservent parfois de belles surprises. Il n’est pas rare de voir un grand-duc d’Afrique ou un engoulevent. Alors que le 4×4 file sur la piste sablonneuse, il stoppe avec surprise. Sur notre gauche un oryctérope du Cap est tapis dans les herbes jaunies. Ce mammifère essentiellement termitivore est un nocturne extrêmement rare à observer. Même Dean n’en croit pas ses yeux ! Désolé pour la piètre qualité de la photo mais je vous la partage quand même.
Voilà un premier safari à Phinda que je pourrais qualifier d’exceptionnel…
Matinée ornithologie
Ce matin, je suis seul dans le 4×4 et comme je suis un ornithologue passionné, Dean me propose une matinée ornithologie. Tous les visiteurs ne sont pas ornithologues, cela nous permettra de prendre le temps d’observer et de pister des oiseaux peu communs.
Avec plus de 400 espèces répertoriées, Phinda est une excellente destination pour l’observation des oiseaux.
Pour le premier oiseau, nous n’avons pas besoin d’aller très loin. A pied dans la forêt sablonneuse du Phinda Forest Lodge, nous cherchons le trogon Narina. C’est le seul trogon d’Afrique du Sud. Il a été découvert par François Levaillant, un ornithologue français, qui lui donna le nom de narina. Les troconidés sont bien plus communs en Amérique du Sud, et je n’en n’avais jamais vu en Afrique jusque-là. Le plus silencieusement possible, nous entrons dans la forêt. Il faut faire attention où l’on marche. A chaque pas, je m’attends à débusquer un serpent. Puis après quinze bonnes minutes de recherche, Bheki notre tracker le repère grâce au chant du mâle. Nous approchons lentement. Comme tous les trogons, il est méga coloré. Ventre et bas-ventre sont rouges, le dos et les scapulaires sont vert métallique, c’est un mâle. Chez la femelle, seul le bas-ventre est rouge et le dos est bleu vert. Il est magnifique.
Nous prenons le 4×4 et quittons le Phinda Forest Lodge. Nous n’allons pas bien loin. Bheki a entendu le souimanga de Neergaard, un souimanga endémique au Kwazulu-Natal et au Mozambique classé comme quasi menacé. Nous descendons du véhicule et approchons à pied. Après quelques minutes à l’écouter, nous finissons par l’observer. Il passe d’une branche à une autre au niveau de la canopée. Pas facile à photographier avec ce ciel blanc en toile de fond. Il finit par se poser quelques secondes à portée de mon objectif. Sur la photo, on distingue bien son ventre gris foncé, son croupion bleu violet et la bande rouge iridescente du poitrail. Le plumage de la femelle est globalement brun.
Retour au 4×4. Nous roulons à peine quelques minutes. Là encore, Bheki fait stopper le 4×4. Il nous propose de descendre du véhicule pour pénétrer à pied dans la forêt à la recherche de l’eurylaime du Cap, un petit oiseau de la famille des Calyptoménidés dont il connaît le territoire. Nous pénétrons dans une forêt épaisse, marchons quelques mètres, nous arrêtons, écoutons, jumellons. L’approche dure 15 mn environ puis un petit oiseau trapu, plutôt terne avec ses teintes brunes et blanches, nous fait face. Il est posé sur une branche, c’est l’eurylaime du Cap, un mâle.
La matinée ornithologique se poursuit avec des observations de serins à poitrine citron, sénégalis de Verreaux, cigogne épiscopale, coucou de Klaas, gobemouche traquet, souimanga méthyste, bruant à poitrine dorée, pintade de Pucheran, tisserin gendarme ainsi que le superbe touraco à huppe splendide endémique à l’est de l’Afrique Australe.
Une superbe matinée ornithologique.
Mes observations au sein du Phinda Forest Lodge
De retour au Phinda Forest Lodge, c’est l’heure du repos. J’aime consigner mes observations dans un calepin. De me souviens m’être assis sur la terrasse de mon cottage et d’avoir noté quelques notes. Quelques nyalas sont passés devant moi. Ils trouvent de la protection dans le camp. Bien qu’il soit non clôturé, les prédateurs, de par la présence de l’homme, n’y viennent pas fréquemment.
Alors que je m’apprêtais à prendre une douche avant d’aller déjeuner, j’ai eu la chance de voir une antilope Suni passée devant mon cottage. Il ne m’a pas fallu plus de 10 secondes pour sortir immortaliser l’instant. Cette petite antilope d’environ 35 cm au garrot a la réputation d’être discrète et craintive.
Dans l’enceinte du Phinda Forest Lodge, j’ai pu observer le trogon narina comme vous le savez mais aussi la pintade de Pucheran. Un matin, alors que je m’étais levé tôt pour photographier mon cottage dans une ambiance sombre, j’ai pu observer des otolemurs passés d’arbre en arbre au-dessus de moi.
Les lions dévorent un gnou
Pour changer de secteur, Dean prend la direction du nord avec son 4×4. Nous ne tardons pas à croiser un éléphant sur la piste. Le bush se densifie et la visibilité est assez limité. Nous croisons plusieurs groupes de nyalas et d’impalas.
Sur le dernier groupe d’impalas, on entend des cris d’alerte. Cela signale généralement un prédateur. Les cris sont insistants. Il n’est pas facile de jumeller car la zone est très boisée. On finit par entendre des grognements de lions. Dean démarre pour s’approcher des sons. Un arbre s’est effondré et barre le passage de la piste. Le hors-piste est impossible ici. Il nous faut alors prendre un détour de quelques minutes pour finalement arriver devant une famille de lions. Il y a 3 femelles et leurs jeunes dispersés dans une clairière. Les adultes sont allongés tandis que les jeunes sont plus actifs. Certains d’entre-eux ont encore le museau ou le poil rouge d’avoir mangé une proie récemment. Une femelle se lève et entre dans le bush forestier. Elle est suivie par la totalité du groupe. Nous ne pouvons entrer avec le 4×4 dans la forêt. Donc nous contournons un peu la zone. Nous apercevons une proie, nous entendons les lions grognés mais ne voyons pas grand-chose. Dean décide de modifier notre position. L’angle est meilleur mais la lionne matriarche grogne à notre encontre. Dean a bien reçu le message, il recule le 4×4 d’un bon mètre, ce qui est suffisant pour apaiser la lionne. Le bush est toujours bien dense mais on profite plus du spectacle malgré la très faible luminosité. Après 45 mn d’observation, nous n’y voyons plus rien, il est temps de rentrer au lodge. Sur le chemin du retour, nous rencontrerons un caméléon…
Des guépardeaux pour le dernier safari
C’est déjà mon dernier safari dans la réserve privée de Phinda. J’aurais bien aimé prolonger l’expérience une ou deux journées en plus. Parmi les mammifères emblématiques de Phinda, je n’ai pas encore vu les guépards.
Nous prenons la direction du sud-ouest de la réserve où de larges espaces de savane sont propice à l’observation du guépard. Nous jumellons, Dean part même explorer la savane à pied en recherche d’indices. Mais rien… Nous croisons quand même dans ce secteur des zèbres des plaines et des gnous ainsi que sept girafes mangeant des feuilles de Tamboti. L’arbre produit un latex toxique pour l’homme qui peut même rendre aveugle.