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Photographier les vautours dans la Réserve Nationale de Boumort

En mai 2019, je suis parti quelques jours en Catalogne pour effectuer un repérage pour monter un séjour photo 100% affût. Après avoir écrit un récit de ce voyage  ornithologique en Catalogne, je reviens sur une expérience unique vécu lors de ce voyage. Je vais vous parler de ma journée d’affût dans la Réserve Nationale de Chasse de Boumort pour photographier quatre espèces de vautours : vautour fauve, vautour moine, vautour percnoptère et gypaète barbu.

Cet affût est l’un des affûts que j’utilise régulièrement en Catalogne pour photographier le gypaète barbu et les autres vautours d’Europe.

La Réserve Nationale de Chasse de Boumort

Située dans l’ouest des pré-Pyrénées occidentales sur les Terres de Lleida en Catalogne, à l’est de Pobla de Segur où j’avais déjà démarré ma randonnée sur le chemin d’El Cinquè Llac, la Réserve Nationale de Chasse de Boumort a été créée en 1991 afin de protéger, sensibiliser, promouvoir des activités de découverte et préserver les écosystèmes des 13 097 hectares de son territoire.

Le mammifère le plus emblématique de la Réserve Nationale de Chasse de Boumort est le cerf qui jouit d’une  des populations les plus importantes et les mieux structurées des Pyrénées. Le sanglier est aussi abondant. Ils font tous les deux l’objet d’une exploitation cynégétique (gestion de la faune sauvage dans le cadre de la chasse) car ils nuisent à l’agriculture. Les autres espèces sont protégées. On trouve aussi l’isard, le chevreuil, le renard, le blaireau ou la marte.

Parmi les oiseaux, vivent dans les forêts le pic noir, le grand tétras ou encore la chouette de Tengmalm. Les trois espèces sont protégées.

La Réserve Nationale de Chasse de Boumort est aussi l’une des rares régions où les quatre espèces de vautours continentaux coexistent, se reproduisent et peuvent être vues ensemble. Je veux parler du vautour fauve, du vautour moine, du vautour percnoptère et du gypaète barbu. L’aigle royal est aussi fréquemment observé l’hiver.

Vatour moine, Reserve Nationale de Chasse de Boumort

Le projet Monachus pour réintroduire le vautour moine

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, vautour fauve, vautour moine, gypaète barbu et vautour percnoptère nichaient en Catalogne. Leur population au fil des décennies n’a cessé de diminuer. Le vautour moine a même disparu de la Catalogne. Il ne restait que 206 couples sur toute l’Espagne en 1973.

Le projet Monachus, lancé par l’association  GREFA, vise à rétablir la population européenne de vautours moines. L’espèce a été réintroduite avec succès à partir de 2007 dans la Serra de Boumort. Le massif est d’une importance capitale pour le vautour moine car il constitue un pont entre les principales colonies européennes situées dans le sud-ouest de l’Espagne, et les noyaux émergents apparus en France (Cévennes, Baronnies et Verdon).

En 2019, dix vautours moines sont nés dans la colonie de la Réserve Nationale de Chasse de Boumort, soit deux de plus qu’en 2018. Ce chiffre constitue un record depuis 2007. Actuellement, la colonie compte déjà plus de 60 vautours moines et 20 couples. Sur les 14 couples qui ont été formés en 2019, dix ont réussi à avoir un Å“uf, ce qui est très encourageant.

Récit de ma journée de photographie dans l’affût

8 mai 2019, 9h00. Je suis au point de rendez-vous à Tremp où je rencontre un garde de la Réserve Nationale de Chasse de Boumort. Je monte dans son pick-up pour rejoindre l’affût situé dans la zone sud-est de la réserve.

Des centaines de vautours fauves autour du charnier

10h15. Nous arrivons à l’affût situé à 1500 m d’altitude. Quelques vautours fauves s’envolent à notre arrivée. Pendant que le guide de la réserve déverse sur le sol des carcasses de mouton, lapins et des os, je m’installe dans l’affût. Construit en pierre et de forme hexagonale, il permet de photographier à 180° à travers des fenêtres qui s’ouvrent. Trois photographes peuvent s’y tenir. Confortable, l’affût est équipé de bancs et de sièges mais leur assise était trop basse pour mon gabarit. Il y a aussi des tapis de mousse pour poser les genoux au sol, des prises électriques pour recharger les batteries ou encore vider les cartes mémoires. Il y a même un toilette.

Je n’ai pas le temps de sortir l’appareil photo ni les jumelles que des centaines de vautour fauves se jettent sur les carcasses alors que le garde de la réserve n’est pas encore parti. C’est la foire d’empoigne. Il y a tellement de vautours fauves que je ne sais pas où donner de la tête. C’est un vrai capharnaüm auditif et visuel. Aisément identifiable de par sa taille, son vol plané caractéristique et le duvet blanc qu’il porte sur la tête. C’est le vautour le plus commun (plus de 22 000 couples en Espagne) et sa population mondiale n’est pas en danger.

Les vautours moines se mêlent au repas

Quelques vautours moines se mêlent rapidement à la partie, ce qui n’est pas surprenant puisque c’est un dominant. Bien qu’ils soient complètement différents des vautours fauves, je peine à les voir tant ils sont moins nombreux. Avec un plumage plus sombre et uniforme, il est aussi plus grand. C’est le plus grand vautour européen.

Vers 11h45, un gypaète barbu adulte et deux juvéniles se posent en retrait et regardent les vautours s’écharper pour avoir le meilleur bout de carcasse. Le nombre de vautours fauves s’étiolent au fur et à mesure que la nourriture diminue. A midi, il doit en rester une centaine.

L’affût contient cinq ouvertures mais deux ne sont jamais utilisées car elles ont peu d’intérêts. Pour autant, pas question d’ouvrir les trois ouvertures en même temps. Une seule ouverture latérale à la fois pour ne pas éclairer l’intérieur de l’affût et faire fuir les vautours.

Vautours percnoptères en approche

Vers 12h30, un couple de vautour percnoptère passe devant l’observatoire. Ce vautour est très différent des trois autres vautours européens. Déjà par sa taille puis par ses couleurs qui le rendent uniques. L’adulte a le corps et les ailes blancs, le bord de fuite de l’aile est noir, la tête est jaune, le bec aussi mais il est recourbé de noir à l’extrémité. La Réserve Nationale de Chasse de Boumort comptait quatre couples nicheurs lors de mon passage.

13h15. Les gardent repassent déposer des viscères face à l’observatoire. Tous les vautours fauves et moines sont de retour. C’est l’occasion de photographier l’atterrissage des vautours fauves que je trouve très spectaculaires.

Et enfin, les gypaètes barbus

Les gypaètes barbus sont de retour. Ils planent au dessus de la zone. J’en profite pour faire quelques photos. Des sifflements aigus attirent mon attention sur la droite. Deux juvéniles se chamaillent en plein vol. Ils sont facilement identifiables avec leur plumage brun foncé. Plumage qui évoluera avec l’âge. Ce n’est vers 5 ou 6 ans que le gypaète barbu obtiendra son plumage coloré d’adulte : gris ardoise aux ailes, blanc à orangé sur la tête et le ventre et un collier de plumes noires ornant la base du cou. 4 couples nichent dans la réserve mais lors des déposes de charniers ont peu en voir davantage, notamment des juvéniles.

Strictement nécrophage, le gypaète barbu mange principalement des restes d’os. Son gosier est élastique, ce qui lui permet d’avaler des os pouvant mesure jusqu’à 30 cm. Il les digère grâce à des sucs gastriques puissants. Lorsque les os s’avèrent trop grands, il les casse sur des rochers. D’où son surnom de « casseur d’os ».

Les vautours fauves ont tendance à quitter la zone. Percnoptères et gypaètes barbus en profitent pour se poser.

A 16h30, tous les vautours ont quitté les lieux. Des biches font aussi leur apparition à la lisière de la forêt ainsi qu’un bruant fou. Plus rien ne se passera jusqu’à 18h00, heure à laquelle le gardien repassera me prendre. Quelle journée !

Cahier pratique

Comment s’y rendre ?

Barcelone peut être relié par le train grâce à la Renfe. C’est l’option que j’ai choisi au départ de Lyon. En 5h, sans changement, j’étais à la gare de Barcelona Sants. On relie très facilement Barcelone depuis Paris, Lyon, Marseille et Toulouse.

Autre option pour ceux qui n’habitent ces villes : l’avion. Pour votre location de voiture, essayez le comparateur Rentalcars.

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Je vous invite aussi à tester les comparateurs de vols Kayak ou Trip.com.

Partir en voyage photo à mes côtés

J’organise et j’encadre chaque année deux voyages qui permettent de photographier les quatre vautours d’Europe :

Réserver les affûts

Vous ne souhaitez pas participer à l’un des voyages photos. Pas de souci, vous pouvez réserver vos affûts par vous-mêmes.

Pour vos affûts photo ornithologiques en Catalogne (gypaète barbu, chevêche d’Athena, busard cendré mais aussi guêpier d’Europe, rollier d’Europe, outarde canepetière… ), je vous conseille d’adresser votre demande de location d’affûts (vous aurez la liste des principaux oiseaux à photographier avec la période) auprès de Ricard avec qui je travaille en Catalogne. Je l’ai sélectionné pour son sérieux et la qualité de ses affûts. Contactez Ricard, ornithologique en Catalogne.

Guides ornithologiques

Plus d’infos

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