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Observer les oiseaux dans les marais du Vigueirat

Je me suis rendu à plusieurs reprises dans les marais du Vigueirat en Camargue dans le sud de la France. La première fois, c’était en 2001 lors d’un éco chantier avec l’association les Blongios pendant lequel l’équipe de bénévoles a construit le sentier sur pilotis des Etourneaux. Cette mission a joué un rôle primordial à mon éveil naturaliste. Je souhaitais donc y revenir pour vous faire partager mon grand intérêt pour les marais du Vigueirat.

 

Les marais du Vigueirat

Situés à la jonction du delta du Rhône et de la plaine de la Crau au sud de la ville d’Arles, les marais du Vigueirat en Camarque sont un territoire protégé de 1171 hectares dont 1122 est propriété du Conservatoire du littoral et 919 ha classés en Réserve Naturelle Nationale.

Les Marais du Vigueirat sont constitués d’habitats humides emblématiques de la Camargue comme les sansouïres, les dunes fixées, les gazons méditerranéens amphibies, les prairies humides à grandes herbes. Ils possèdent aussi la plus grande roselière protégée de Camargue d’une surface de 200 ha fortement appréciée du butor étoilé, du héron pourpré ou des passereaux paludicoles.

Ce n’est donc pas une surprise si on retrouve dans les marais du Vigueirat environ 600 espèces végétales, dont 41 protégées ou présentant un intérêt patrimonial, mais aussi 43 espèces de mammifère, 6 espèces d’amphibiens, 15 espèces de reptile et 328 espèces d’oiseaux observées.

Ces habitats sont très sensibles à la gestion des niveaux d’eau, à la salinité, à la pollution de l’eau (engrais et pesticides), au surpâturage et à la prolifération d’espèces envahissantes. C’est pourquoi, le site est géré par l’association des Amis des Marais du Vigueirat dont l’une des missions est de contribuer à la préservation du patrimoine naturel, historique et paysager du site.

Les Marais du Vigueirat s’étalent sur d’anciennes rizières agricoles. De cette époque, ils ont gardé les ouvrages des canaux d’irrigation et de drainage qui leur permet de maitriser les niveaux d’eau en ouvrant/fermant les martelières et ainsi reproduire le fonctionnement hydrologique passé du delta Rhône avant l’endiguement du fleuve. La gestion de l’eau est un élément clé dans les marais du Vigueirat. Elle se réalise en outre en conformité avec le cycle climatique méditerranéen et ses contraintes naturelles (sècheresse estivale, irrégularité des précipitations…) afin de conserver le caractère méditerranéen des milieux naturels.

Marais du Vigueirat

Comment découvrir les marais du Vigueirat ?

Les marais du Vigueirat peuvent se découvrir soit en visite libre et gratuite, soit en visite guidée payante.

Les sentiers de l’Etourneau sont accessibles librement du 1er février au 30 novembre du lever au coucher du soleil. Pendant les horaires d’ouverture du bureau, le tarif d’accès est de 3 € par adulte (à partir de 13 ans). Ils comprennent plusieurs sentiers :

  • Le sentier des Cabanes : Court sentier de 500 m qui met en scène la nature camarguaise. Excellentes chances d’observer la Cistude d’Europe.
  • Le sentier de la Palunette : 2,5 km de chemin pour découvrir la flore et la faune des marais. Deux observatoires en cours de chemin. C’est le chemin à emprunter pour observer les oiseaux d’eau dont les hérons.
  • Le sentier écofuté : Court chemin de 600 m autour du développement durable.
  • Le jardin botanique : Sentier d’1 km pour découvrir les différents milieux de la Camargue.
  • Le sentier Homme et Nature (prochainement) : Chemin pour découvrir les activités humaines possibles sur un espace naturel protégé en Camargue et l’utilisation des espaces par la faune.

Marais du Vigueirat, les Etourneaux

La Réserve Naturelle Nationale des marais du Vigueirat n’est accessible qu’en visite guidée avec Jean-Marc, le guide ornithologique. Pendant 3 heures, 6 heures, au lever du soleil, Jean-Marc emmène les visiteurs à la découverte des oiseaux qui peuplent la réserve. Selon la saison et l’intérêt ornithologique, le programme est différent. Référez-vous à la page Agenda des marais du vigueirat pour réserver votre visite guidée.

Les marais du Vigueirat proposent aussi d’autres sorties : à cheval, en calèche, en kayak et même des stages photographiques.

Quels oiseaux observer aux marais du vigueirat ?

Avec 328 espèces d’oiseaux comptabilisées dont 92 qui s’y reproduisent, les marais du Vigueirat sont un espace protégé de premier plan pour l’observation des oiseaux.

On trouve dans les marais du Vigueirat les neuf espèces de hérons présents en Europe, à savoir le héron cendré, l’aigrette garzette, la grande aigrette, le héron garde-bœufs, le crabier chevelu, le bihoreau gris,  le héron pourpré, le butor étoilé et le blongios nain. Ils apprécient la roselière comme les passereaux paludicoles.

Dans les milieux ouverts, le guêpier d’Europe, le Rollier d’Europe ou l’Œdicnème criard tout comme les rapaces s’observent fréquemment (busard des roseaux, aigle criard, aigle de Bonelli ou balbuzard pêcheur).

Parmi les rallidés, la Talève sultane niche depuis 2007. Les Marais du Vigueirat représentent également un site majeur d’hivernage pour les anatidés (canard colvert, canard souchet, sarcelle d’hiver, nette rousse…)

Du côté des laro-limicoles coloniaux, on trouve la mouette rieuse, la sterne Pierregarin, la sterne Hansel, l’échasse blanche, l’avocette élégante, les chevaliers aboyeur, arlequin, culblanc, sylvain, stagnatile, guignette…

Reportez-vous à la liste des oiseaux observés en visite guidée sur le site des marais du vigueirat pour plus d’infos.

Flamant rose, Marais du Vigueirat

Quand visiter les marais du Vigueirat ?

Chaque saison est intéressante pour découvrir les marais du Vigueirat.

L’hiver, le site accueille de grandes populations de canards en particulier les colverts, la sarcelle d’hiver, les souchets et les chipeaux.

Le printemps (avril – juin) et l’automne (août – septembre) sont aussi propices pour observer les oiseaux en migration, en particulier les limicoles.

Marais du Vigueirat en hiver

Récits d’observation

Je vais revenir régulièrement dans les marais du Vigueirat pour vous faire un retour sur mes observations naturalistes. Ce chapitre sera donc complété régulièrement.

Deux journées de début septembre

Visite guidée de 2h30 avec Jean-Marc

La première observation concerne de nombreuses cigognes blanches en migration vers l’Afrique. Sur le chemin vers les affûts d’observation, on croise un criquet égyptien, le plus grand criquet présent en France (4,5 à 6,5 cm de long) ainsi que plusieurs libellules écarlates (crocothemis erythraea), jaunes pour les femelles et rouges pour les mâles et plusieurs rainettes méridionales.

Au premier affût, le plan d’eau est en grande partie asséché. Les oiseaux sont éloignés de l’observatoire. Fort heureusement, Jean-Marc emporte toujours sa longue-vue. On y verra notamment de jeunes flamants roses, des vanneaux huppés, des chevaliers sylvains et des échasses blanches.

Dans le second observatoire, notre arrivée fait fuir un groupe de chevaliers arlequin. En ce début septembre, ils sont à l’affût, la chasse ayant repris en Camargue. On se trouve à contre-jour et donc face au soleil. Des échasses blanches et des flamants roses nous font face. Les flamants roses ne nichent pas dans les marais du Vigueirat. Ils y viennent pour s’alimenter. Cette année, aucun flamant rose n’a niché sur l’étang du Fangassier. 20 800 couples ont niché dans les salants d’Aigues Mortes. Cette année, les naissances ont été nombreuses avec 12 000 poussins.

Sur le troisième observatoire, flamants roses, spatules blanches et canards souchet tamisent, aspirent et filtrent l’eau du marais en quête de nourriture. De jeunes chevaux camarguais dont l’un a un héron garde-bœuf posé sur son flanc traversent le plan d’eau et effraient tous les oiseaux. Une spatule blanche passera en vol près de l’observatoire.

Découverte libre des sentiers des Etourneaux

Cistude d’Europe et Lézard des murailles se laisseront observer en ce début d’après-midi particulièrement chaud sur le sentier des cabanes. Je m’attarderai plus longtemps sur le sentier de la Palunette. Ce qui me frappe d’entrée de jeu, c’est la sècheresse de certaines portions de cette partie des marais du Vigueirat. Comme expliqué en introduction à cet article, c’est volontaire. Les marais du Vigueirat cherche à reproduire le cycle naturel du lit majeur du Rhône.

Cet assèchement a plusieurs vertus :

  • La minéralisation des vases en permettant à la matière organique contenue dans le sol d’être exposée au dyoxygène présent dans l’air. Cela favorise sa biodégradation par les micro-organismes et évite le comblement des étangs
  • Le développement de la biodiversité car en séchant, la vase favorise le développment d’une grande diversité végétale tout en attirant un grand nombre d’oiseaux migrateurs

Assez rapidement, j’observe un crabier chevelu, l’un des 9 hérons présents dans les marais du Vigueirat. D’ici quelques jours, ils prendront son envol pour l’Afrique. Dans les roubines, j’observe plusieurs ragondins silencieusement.

Depuis le premier observatoire, aigrettes garzettes, hérons cendrés, foulques macroules, canards colverts et une sterne hansel venu pêcher sur l’étang. Sur un autre plan d’eau, mon chemin croisera celui d’une grande aigrette.

Retour dans la réserve naturelle Nationale

Ce matin, j’ai la chance et le privilège d’accompagner Clément Pappalardo, garde de la réserve et excellent photographe, dans deux affûts de la réserve naturelle Nationale. Sur le premier observatoire, un busard des roseaux passera près de nous, ce qui mettra une pagaille sans nom dans les oiseaux présents sur l’étang.

Dans le second affût, une belle roselière accueille la rousserole effarvate, la panure à moustaches présente toute l’année sur le site et le bruant des roseaux à gros bec, une sous-espèce endémique à la Camargue. J’observerai les trois espèces sans pouvoir les photographier. Le grand cormoran viendra pêcher devant l’affût ainsi qu’une femelle martin-pêcheur sans toutefois venir se poser devant les piquets de bois face à l’observatoire. Dommage. Les spatules blanches s’approcheront également de l’observatoire sans toutefois venir juste devant, le niveau d’eau étant encore un peu haut pour leur méthode d’alimentation.

A très vite pour de nouvelles observations 🙂

Une matinée de fin février

Lever de grues cendrées

Les grues cendrées passent une partie de l’hiver en Camargue, de décembre à mars et elles sont de plus en plus nombreuses. Leur présence connait une extension spectaculaire comme l’a montré la Tour du Valat qui coordonne le suivi de la population de grues cendrées en Camargue depuis 2004. A quoi cela est-il dû ? Le réchauffement climatique ? Non. Il semblerait que cela soit davantage lié à l’émergence d’un nouveau couleur de migration entre la Scandinavie/Russie Orientale et le sud de l’Europe occidentale qui passe par l’est de la France et les Alpes.

Lors de cet hiver 2020/2021, plus de 22 000 grues cendrées ont été comptabilisées sur 11 dortoirs différents en Camargue. Celui des marais du Vigueirat était de loin le plus important puisqu’il a compté plus de 7400 individus.

J’étais alors très heureux fin février 2021 d’assister à l’activité de lever de grus cendrées organisées par les marais du Vigueirat. Installé dans l’observatoire du Ligagneau dès 6h30 alors que le jour n’était pas levé, nous avons commencé à entendre le cri légendaire des grues quelques minutes après notre arrivée. Ce matin là, 3000 grus cendrées étaient encore présentes sur le dortoir. Les autres avaient déjà entamé leur migration vers le nord.

Les premières grues cendrées ont pris leur envol sur les coup de 7h00 avant le lever du soleil. Les passages répétés ont duré jusque 8h00. Une ambiance qui m’a rappelé celle que l’on peut rencontrer autour du lac du Der en Marne et Haute-Marne. Mais que font les grues cendrées une fois leur envol effectué ? Elles partent rejoindre leur site de nourrissage dans les champs de Camargue. Ce comportement est identique partout. C’est ainsi que j’avais pu photographier les grues cendrées à la ferme aux grues près du lac du Der.

Ce matin là, la lumière matinale qui peut-être si belle en Camargue n’était pas présente. Pour cette raison, j’ai photographié les grues cendrées avec une vitesse lente pour réaliser des filés et flous volontaires.

Le sentier des étourneaux

J’ai enchaîné la matinée avec une nouvelle découverte du sentier des Etourneaux. A cette époque de l’année, les foulques macroules, colverts, cygnes tuberculés et quelques spécimens de sarcelles d’hiver, souchet et chipeaux dominent les étangs. Sur le bord, aigrettes garzette, grandes aigrettes, hérons cendrés et ibis falcinelles sont largement visibles. Plus discret, le busard des roseaux fait quelques passages au dessus des roselières.

Cahier pratique

Comment s’y rendre ?

Depuis Nîmes/Arles par l’autoroute A 54 : prendre la voie rapide direction Fos-sur-Mer/Marseille, puis à 20 km d’Arles bifurquer à droite direction Mas-Thibert.

Depuis Aix-en-Provence/Salon par l’autoroute A 54 : sortie ZI Saint-Martin de Crau (2ème sortie après le péage de Saint-Martin de Crau), puis suivre direction Mas-Thibert (D 24).

Depuis Marseille/Fos-sur Mer : prendre la direction Arles (N 568), et après la longue ligne droite de la traversée de la Crau, bifurquer à gauche sur Mas-Thibert.

A partir de Mas-Thibert, l’itinéraire est fléché. Une piste de 2 km vous emmène jusqu’au parking des Marais du Vigueirat.

Chambre d'Hôtel Arles Plaza

Où dormir dans les environs ?

A Arles, je ne peux que vous conseiller l’hôtel Arles Plaza, un 4 étoiles très abordable (94 € avec le petit-déjeuner). Sinon, j’ai aussi déjà expérimenté l’Ibis Budget de Saint-Martin De Crau encore moins cher (61 €). Si vous recherchez un hébergement pour 4 personnes, essayez le mas de l’Hermitage.

Manger sur place

D’avril à fin octobre, la Guinguette vous propose de 9h à 16h face à l’accueil des marais du Vigueirat une restauration rapide biologique. Tous les légumes viennent du jardin des marais, la charcuterie d’un producteur local. Tables de pique-nique à disposition.

Horaires d’ouverture

L’accueil des Marais du Vigueirat est ouvert du 1er février au 30 novembre.

D’Octobre à fin Mars : de 9h30 à 17h

D’Avril à fin Septembre : de 9h30 à 17h30

Tél. : 00 33 (0)4 90 98 70 91 – Fax 00 33 (0)4 90 98 72 54

Guides d’observation

Plus d’infos

RDV sur www.marais-vigueirat.reserves-naturelles.org pour plus d’informations sur les marais du Vigueirat et www.arlestourisme.com pour organiser votre séjour à Arles.

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