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J’ai photographié les grues cendrées en affût à la ferme aux grues

J’ai passé le 20 février 21018 une journée dans un affût à la ferme aux grues en Champagne. Je vous relate ma journée afin que mon expérience puisse vous servir.

Les grues cendrées autour du lac du Der

Le lac du Der en Champagne est connu pour être l’un des hauts lieux en France pour l’observation des grues cendrées. Elles arrivent à l’automne pour la migration post-nuptiale. Quelques milliers restent tout l’hiver pendant que d’autres poursuivent leur migration vers l’Espagne et reviennent pour la migration pré-nuptiale à partir de février lorsqu’elles font le chemin inverse pour le nord de l’Europe.

Grue cendrée
La ferme aux grues

La ferme aux grues située à Saint-Remy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson est un très bon site d’observation et de photographie des grues cendrées en migration pré-nuptiale.

A l’automne, les grues cendrées trouvent facilement de la nourriture dans les champs autour du lac du Der. La ferme aux grues à cette période ne constitue pas un meilleur spot qu’un autre champ. L’observation y est aléatoire.

Plus l’hiver s’installe et plus la nourriture se fait rare. La présence des grues cendrées est quasi assurée entre le 15 février et le 5 mars, période pendant laquelle le site de la Ferme aux grues est agrainé. Pourquoi agrainer le champ ? La LPO Champagne-Ardenne souhaite fixer les grues cendrées sur les terres de la ferme pour éviter qu’elles aillent manger les semis réalisés par les agriculteurs. Elles sont maintenant habituées à la présence de nourriture pendant cette période de l’année. Depuis 2016, elles mangent du blé, des pois et des féveroles issus de l’agriculture biologique.

Le site de la Ferme aux grues comporte un observatoire en libre accès et des affûts pour la photo.

Le règlement de la ferme aux grues et des affûts

Les grues cendrées sont des oiseaux extrêmement sensibles aux dérangements. Il est donc très important de les regarder depuis l’observatoire et de ne pas s’aventurer à pied sur les chemins agricoles et autour de la ferme.

Cinq affûts photo ont été mis en place pour les photographes naturalistes autour du champ de la Ferme aux Grues. Ils sont à louer (70 € la journée) par avance auprès de la LPO Champagne-Ardenne et ne sont pas libres d’accès. Pour réserver l’affût, téléphonez au +33 (0)3 26 72 54 47.

Pour la tranquillité des grues, il est obligatoire de s’installer dans l’affût avant le lever du jour et de n’en sortir qu’à la tombée de la nuit, une fois que les grues cendrées regagnent le lac du Der pour y passer la nuit. Il est interdit de sortir de l’affût en journée. Il est aussi strictement interdit de parler entre photographes d’un même affût ou entre affût. Le silence complet est de rigueur.

Les véhicules doivent être garés sur le parking de la Ferme aux grues et les photographes doivent gagner les affûts à pied. Un plan est remis aux photographes à la confirmation de réservation ainsi que les clés de l’affût la veille de la journée photographique.

Toutes ces règles permettent aux photographes de bénéficier d’excellentes conditions d’affût tout en assurant la tranquillité des grues cendrées.

Grues cendrées aux premières minutes du jour
Le récit de ma journée du 20 février 2018 en affût

J’ai dormi la veille de ma journée en affût à la Ferme aux grues à la Maison des Officiers à Montier-en-Der où j’étais déjà allé il y a plusieurs mois lorsque j’étais venu observer et photographier les oiseaux du Der en septembre.

6h45. Je gare mon véhicule à la Ferme aux grues et m’engage sur le chemin qui conduit aux affûts. Il est complètement boueux.

7h00. Je m’installe dans l’affût n°3. Les premières grues cendrées arrivent 30 minutes plus tard dans un brouhaha perçant et nasillard (© Martin Miethke) qui leur est propre. Elles vont se poser de l’autre côté du champ en direction du château d’eau.

Je suis seul dans mon affût. Personne d’autre n’a loué le même, ce qui me permet de m’étaler un peu à l’intérieur. Les affûts n°1 et 2 sont également loués par d’autres photographes. L’affût dispose de quatre ouvertures avec des filets de camouflage. La principale et les latérales donnent sur le champ. Il reste une ouverture basée à l’arrière qui donne sur une haie d’arbres. L’affût est équipé de deux fauteuils (un peu hauts je trouve) et de planches pour poser des affaires.

8h30. Toutes les grues cendrées sont agglutinées au centre du champ le bec dans le sol pour aller chercher leur nourriture. J’en compte environ 150. J’imagine que certains jours, il doit y en avoir bien plus. Mais cette année 2018 est une année compliquée pour les grues cendrées autour du lac du Der en raison du niveau d’eau du lac et des champs inondés. La LPO en a comptabilisé près de 1900 entre le 11 et le 20 février, ce qui est globalement beaucoup moins que les années précédentes (sauf 2016). Elles finissent par s’envoler pour je ne sais quelle raison et retournent dans le fond du champ.

9h00. Les grues cendrées reviennent à distance plus raisonnable. Le groupe s’étire. La majorité reste dans le centre du champ pendant que d’autres s’approchent petit à petit de l’affût n°5 voisin du mien. C’est l’occasion de faire quelques photos au cadrage un peu plus serré.

10h00. Nouveau mouvement de panique au sein du groupe. Toute les grues s’envolent et partent dans le fond du champ près de l’affût n°2. C’est le début de la longue attente. Le soleil pointe le bout de son nez. J’en profite pour manger un peu et partager une story sur instagram. Je ne regrette pas d’avoir pris mon thermos et mes sachets de soupe. Il fait froid. Lorsque je suis arrivé sur le site, la température était de 0°C. Il fait à ce moment là 1°C (elle ne dépassera pas les 3°C en cours de journée).

14h00. Les grues cendrées sont à nouveau proches de l’affût n°5. Elles y restent une vingtaine de minutes et repartent près de l’affût n°2. J’entends des vols de passereaux. Je fais le guet auprès des ouvertures latérales et à l’arrière de l’affût et finis par observer et photographier un bruant jaune.

15h00. Les grues cendrées sont toujours de l’autre côté du champ. Certaines s’envolent et reviennent quelques minutes plus tard. Muni de mon multiplicateur, je fais quelques photos sans grands intérêts.

15h45. De nouveaux quelques grues s’approchent de mon affût. La lumière est douce. J’arrive à en isoler en cadrant mes images. Elles ne restent que quelques minutes et repartent au centre du champ. La lumière aussi s’en va définitivement.

17h45. Les grues s’envolent pour rejoindre le lac du Der. Je plie mes paquets. Je suis content d’allumer le chauffage dans la voiture. Il me reste 2h30 de route pour rentrer à la maison. Une belle journée d’observation et de photographie malgré le manque évident de lumière. C’est sûr, je reviendrai.

Grues cendrées
Quel est le meilleur affût ?

Je me suis posé cette question. Peut-être vous l’a posez-vous également ? Les affûts 3 et 5 sont côte à côte. De l’autre côté du champ, les affûts 1 et 2 sont aussi côte à côte. L’affût n°4 en retrait donne sur un autre champ.

Personnellement, je privilégierai les affûts 1, 2, 3 et 5 avec une légère préférence pour le 2 dont je trouve la position plus stratégique. Mais les grues cendrées vont où bon leur semble. Donc…

affût à la ferme aux grues
Que pendre pour sa journée en affût ?

Mieux vaut être bien équipé pour observer et photographier les grues cendrées mais aussi pour supporter le froid.

  • Une paire de jumelles
  • Votre matériel photo (appareil photo, objectifs, batteries chargées, cartes mémoires)
  • Une paire de bottes pour venir jusqu’à l’affût et une paire de chaussures chaudes et propres pour la phase en affût
  • Une assise plus basse que celle proposée dans l’affût (autour de 30 cm de hauteur pour une morphologie comme la mienne. Je mesure 178 cm)
  • Un tapis de sol pour photographier. Genoux à terre c’est plus confortable qu’à même le plancher en bois et cela isole.
  • Une frontale avec un éclairage rouge pour ajuster vos réglages de boitier en arrivant dans la pénombre
  • Un récipient pour uriner (il est interdit de sortir de l’affût en journée)
  • Des vêtements chauds et de couleurs neutres (camouflage, vert, marron…) : collants, chaussures hivernales, chaussettes épaisses, bonnets, vestes hivernales, gants fins…
  • De la nourriture en enlevant si possible les emballages bruyants. N’oubliez pas de prendre un thermos d’eau chaude pour prendre un bon café, un thé ou une soupe. Croyez-moi, ça n’a pas de prix !

J’ai photographié les grues cendrées en affût à la ferme aux grues
En savoir plus sur la grue cendrée

Allez voir le site de la LPO Champagne Ardenne qui consacre de nombreuses pages sur la grue cendrée (présentation, migration, comptage…).

Pour aller plus loin, je recommande l’ouvrage La Grue cendrée : Histoire naturelle d’un grand migrateur. Il date un peu (2005) mais en dehors des comptages, cette monographie reste d’actualité et permet d’en savoir davantage sur l’espèce.

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