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Mashatu : Safari sur les traces des léopards

J’ai passé 4 nuits dans la réserve privée de Mashatu au Botswana sur les traces des léopards. Retour sur mes observations avec le félin et avec les autres animaux sauvages de la réserve.

Je vous invite aussi à lire mon guide pratique de Mashatu.

De l’eau en abondance

J’arrive au post de douane de Pont Drift entre Afrique du Sud et Botswana vers midi. Richard de la réserve privée de Mashatu m’assiste pour passer les douanes sud-africaines et botswanaises. Il est important de bien se munir des papiers nécessaires pour le passage de la frontière avec le véhicule de location. Les formalités ne durent que quelques minutes. 15 minutes plus tard, nous entrons dans la réserve de Mashatu.

Pendant le trajet d’une heure qui me conduit au Mashatu Tent Camp, je suis surpris par les mares d’eau et le niveau des rivières. Richard m’explique qu’il y a eu un gros orage hier. Lorsque nous traversons la rivière majale, il m’explique que la veille le niveau d’eau dépassait le ponton sur lequel nous roulons. Au moment de notre passage, il reste de grandes mares d’eau, le reste ayant été absorbé par la terre.

Mashatu après la pluie

Les trois guépards et mon premier léopard

Les deux premiers sightings de ce premier safari concernent les éléphants et ça n’est pas un hasard puisque le slogan de la réserve privée de Mashatu est « the Land of the giants » surplombé d’un éléphant.

Quelques arrêts ornithologiques pour un rollier à longs brins, une outarde kori , une outarde houpette ou encore un choucador de Meves.

Puis alors que nous observions des girafes un peu nerveuses, nous rencontrons 3 guépards, 1 mère et ses deux jeunes de 7/8 mois (1 mâle et 1 femelle). Les jeunes ont quasiment une taille adulte. Pour repérer qui est la mère et les jeunes, il faut regarder attentivement le cou. Les jeunes ont le poil hirsute. Pas l’adulte. A Mashatu, lors de mon passage, il y avait deux femelles avec leurs jeunes, un groupe de 2 mâles et 1 mâle solitaire.

Ils sont allongés à l’ombre, mais très vite, ils entament des séances de baillements et de stretching, ce qui indique qu’ils vont bientôt se mettre en mouvement.
Et en effet, quelques minutes plus tard, la mère se met à bouger. Doucement, ses deux jeunes la suivent.

Après 30 minutes d’observation, on les quitte car un autre 4×4 a spotté un léopard.
Lorsque nous arrivons celui-ci se met à bailler, preuve qu’il va s’activer dans les prochaines minutes. Il a le nom de Lepako. C’est un jeune mâle d’environ 1 an et demi. Sa mère n’est en ce moment pas avec lui. Elle est sans doute partie chasser. D’ici quelques mois, il prendra son indépendance.

Quelques minutes plus tard, il finit par bouger. Ça n’est pas facile pour le 4×4 de le suivre dans cette dense végétation composé principalement de Croton sylvaticus. Nous le perdons à trois reprises puis le retrouvons plus loin. Il est très relax, la présence du 4×4 ne le dérange pas du tout. Pendant un moment, il était obsédé par un écureuil qui lançait des cris d’alerte depuis une branche d’arbre. Je l’ai vu bondir en une fraction de secondes sur le second niveau des branches. Il est aussi vite redescendu puis s’est mis en route. Là, nous l’avons laissé pour aller prendre nos apéritifs de safari depuis un site bien dégagé car la nuit tombe vite.

Sur le chemin du retour au Mashatu Tent Camp, nous croisons un otocyon. Le soir, nous prenons le dîner dans la Boma. Un léopard feule sur notre droite alors que les hyènes tachetées hurlent tout autour du camp. Elles le visitent souvent. Mieux vaut ne rien laisser traîner dans la salle de bain extérieure de la tente ou sur le ponton de la tente.

À la recherche du léopard

Nous passons la majorité de la matinée à chercher le léopard dans le lit des rivières Mali et Majale. Nous scrutons les sous-bois, les berges, checkons les traces. Mais rien.

On retourne donc dans la forêt de Croton sylvaticus où nous avions vu un léopard la veille. L’hypothèse de Gau et Cedric est que la mère a dû tuer hier soir ou cette nuit et qu’elle a sans doute monté sa proie dans un des grands Mashatu qui bordent la forêt Croton. On checke les arbres un par un. Rien.

En chemin, nous avons pu croiser d’autres animaux, des grands koudou femelles, des girafes, un steenbok, des impalas, des gnous, mais point de léopard. J’ai aussi pu observer de nombreux oiseaux près des poches d’eau comme la cigogne noire, aigle fascié, vautour africain, aigle ravisseur, spatule d’Afrique, pintade de Numidie et j’en passe.

On croisera aussi la route d’une hyène tachetée buvant dans une des dépressions de la rivière Mali qui s’est remplie d’eau il y a deux jours. On se consolera avec une nouvelle rencontre avec les trois guépards rencontrés la veille. Les deux jeunes jouent beaucoup et sont très actifs.

Je n’ai pas vu le léopard ce matin, mais c’était une belle matinée de safari.

Les léopards et l’impala

Cet après-midi, les premières observations sont ornithologiques. D’abord un couple de pics à queue dorée dans le camp, puis une outarde houpette mâle chantant pour marquer son territoire. Saviez-vous que les oiseaux ne marquent leur territoire que par le chant ? Contrairement aux mammifères, ils ne déposent pas de phéromones.

Puis d’autres observations s’enchaînent : rollier à longs brins, éland, girafe, mangouste rayée, chacal à chabraque, huppe d’Afrique.

Mais comme l’objectif de cet après-midi, ce sont à nouveau les léopards, on ne s’attarde pas trop sur ces observations. Nous prenons la direction d’où nous sommes passés ce matin. Cédric reçoit un call d’un autre chauffeur. Un léopard a été spotté. Nous retrouvons Lepako allongé sur la branche d’un énorme Mashatu à peu près à l’endroit où nous l’avions vu la veille. Ce matin, nous sommes passés deux fois sans l’apercevoir.

Cédric me pose la question : tu veux qu’on reste ou qu’on revienne plus tard. C’est toujours un choix difficile, car le léopard peut rester affaler pendant un bon moment sans bouger et d’où l’on est, on ne distingue pas bien son visage. Je décide de rester. À peine 10 mn plus tard, sa mère, Moshoale, du nom d’un arbre qu’on trouve ici dans la réserve, l’appelle. Lepako lui répond et descend de l’arbre. Je rate la photo. Le 4×4 était trop prêt et je n’avais de toute façon pas de 100-150 mm à disposition.
Le jeune léopard part rejoindre sa mère. Nous le suivons à distance comme nous pouvons, car la forêt est dense et il se déplace bien mieux ici que nous en 4×4. Il se retrouve, se frotte l’un à l’autre, et continue. Nous les perdons. Nous sommes bloqués par la forêt. Nous devons faire demi-tour et tenter de les retrouver en passant par une piste opposée.
Pensant les avoir perdu, nous les retrouvons près d’un impala fraîchement tué par la mère léopard.
Lepako s’amuse avec la proie pendant que sa mère se repose à distance. Puis, il commence à attaquer son repas. Il lui faut du temps pour percer le cuir de la peau de l’impala. Nous restons jusqu’à ce que la nuit s’installe. Puis, nous les laissons finir le repas.

Sur le chemin du retour au camp, nous avons la chance de croiser pendant quelques secondes un chat sauvage. J’ai juste le temps de le photographier qu’il disparaît dans le Bush. Encore une belle journée de safari à Mashatu.

Avec Moshoale

Ce matin, le temps est couvert. La matinée démarre par une observation d’un couple d’aigles fasciés et d’un circaète brun.

Puis, nous retrouvons Moshoale, la femelle léopard, dans le lit de la rivière Motobole. Elle avance et marque son territoire en se frottant sur les branches des buissons et sur les troncs. La rivière fait souvent office de frontière entre les léopards. C’est donc des lieux stratégiques importants pour défendre ou étendre son territoire. Nous la suivons. Elle rejoint le secteur de la forêt de Croton sylvaticus où elle a tué hier un impala pour son jeune Lepako. Elle s’allonge sur un tapis de feuille. Nous la laissons et partons explorer les grandes plaines toute proches.

Nous y croisons des chacals à chabraque tentant de chasser des pintades de Numidie. Sans succès. Puis, nous observons des impalas, des grands koudous, des zèbres des plaines, des girafes, des vervets, des babouins et une tentative de chasse d’un des deux jeunes guépards. Le steenbock a réussi à s’en sortir.

Dans la matinée, je visite le Mashatu Lodge et me dirige vers mon prochain hébergement, le luxueux Euphorbia Mashatu. En chemin, j’y vois mon premier crocodile du Nil.

Tête-à-tête avec Lepako et rencontre avec Mohoyo

Après avoir pris mes quartiers dans ma nouvelle chambre, je pars en safari avec Paul, mon nouveau guide, et Jack, le tracker. Choucador de Burchell, chacal à chabraque, écureuil de Smith, babouins, rollier à longs brins et guêpier à front blanc sont les premiers animaux rencontrés en safari.

En échangeant avec Paul, je lui parle de ma passion pour les léopards. Il prend alors la direction la direction de la forêt de Croton sylvaticus. C’est un bon site pour les léopards car ils aiment se planquer entre les gros bosquets pour chasser. En chemin, nous croisons des girafes et un steenbok. Nous sommes dans le secteur où Moshoale a tué la veille un impala pour son fils Lepako. Nous naviguons entre les arbres et tombons nez à nez avec Lepako. Il est dans un arbre en train de finir de manger l’impala tué par sa mère. Le tête-à-tête est impressionnant.

Nous repartons. Entendons rapidement le cri d’une chevêchette perlée. Nous nous approchons lentement en 4×4 vers la zone, jumellons. Nous la repérons lorsqu’elle se met en vol. Elle se pose sur une branche. Nous approchons. Je la photographie. Quel bel oiseau !

Proche de là, Jack entend un léger souffle qu’il pense être celui d’un léopard. Nous nous approchons lentement en 4×4 de la zone forestière qui longe la rivière Motobole. Mohoyo, père supposé de Lepako est allongé dans les herbes. Il n’apprécie pas trop les véhicules. Nous ne l’approchons donc pas de trop près. Son nom signifie figuier dans la langue Sebirwa. C’est un mâle puissant d’environ 7 ans. Il est allongé, mais éveillé et regarde à droite à gauche en permanence. Il baille une dernière fois puis se met en marche dans la direction opposée au 4×4. Plutôt que de le suivre, nous, Jack et Paul anticipent son déplacement. Nous contournons la zone et partons nous poster. C’est un pari car à tout moment, il peut simplement faire demi-tour. Mais c’est la démarche à adopter quand vous savez que l’animal n’aime pas être suivi par un 4×4. Et bingo, Mohoyo arrive tranquillement face au 4×4. Il s’assoit et regarde autour de lui. On le voit, il est à l’écoute de la savane au cas où un menu festin se profilerait. Il se remet en route. Nous anticipons une seconde fois ses déplacements et nous postons une centaine de mètres plus loin. Il est presque 18h00 et l’obscurité s’installe dans la forêt. Nous pensions quitter le sous-bois lorsque nous voyons clairement les tâches du léopard sortir du couvert forestier. Quelques dernières photos à 6400 isos puis nous allons prendre l’apéritif sur un site plus découvert. De nuit, sur le retour au lodge, nous croisons une hyène tachetée sur un bout de reste d’antilopes.

Dans l’affût photo de Mashatu

Ce matin, je passe une grande partie de la matinée dans l’affût de Mashatu, un affût semi-enterré qui fait face à un plan d’eau. C’est un affût pour 8 personnes maximum. Les ouvertures n’ont pas de vitre sans tain. Avantage, on est vraiment connecté avec la nature. Par contre cela demande d’être extrêmement silencieux et de bouger lentement. Aucun geste brusque au risque de faire fuir les animaux. Je pense particulièrement aux herbivores comme le zèbre, l’élan ou l’impala.

Pendant le pic de la saison sèche, il y a peu d’eau à Mashatu et le plan d’eau est fréquemment utilisé par de nombreux animaux. Comme il a plu abondamment il y a quelques jours, je n’ai aucune idée de l’activité de l’affût au moment où j’y suis. Il devrait être moins actif qu’en saison sèche.

À mon arrivée, trois éléphants passent rapidement devant le plan d’eau sans même s’arrêter. Je n’ai pas le temps de faire des images. J’espère juste alors que d’autres opportunités vont se présenter.

6h30, deux calaos d’Afrique du Sud explorent le sol en quête de nourriture. Mais il reste trop éloigné du point d’eau pour faire des images.

6h45, des vanneaux couronnés apparaissent. Soudainement, je les entends chanter de façon inhabituelle. L’un d’eux suit constamment un individu. Cela ressemble bien à un chant de parades nuptiales. Et voilà que quelques secondes plus tard, Monsieur grimpe sur madame.

7h00, une tourterelle du cap passe pour boire. Elle ne traîne pas dans le coin.

7h20. 8 zèbres des plaines arrivent par la droite de l’affût. Ils se positionnent derrière le plan d’eau, nous observent et ne viendront finalement pas boire.

La première tourterelle boit à 7h45, ce qui en attire d’autres. La tourterelle maillée à ma préférence. Un toucador concolore passe également pour boire.

8h10. Un éléphant arrive par la droite dans un silence absolu. D’autres arrivent. Ils sont 10 au total, jeunes comme adultes.
Ils restent 5 mn. Quelques minutes plus tard, un mâle approche par la gauche de l’affût.
À peine partie que 5 autres éléphants arrivent et restent quelques minutes.

8h50, un perroquet de Meyer vient boire à l’affût.

Finalement, plutôt pas trop mal au niveau de l’activité si on tient compte des pluies tombées il y a quelques jours.