Affûts Photo Loup Gris en Finlande

Un jour d’avril 2023, j’ai rencontré le loup gris lors d’un affût photo en Finlande. Ce n’était pas ma première rencontre avec l’animal mais c’est la première fois que je le photographier. Retour sur mes différents affûts pour photographier le loup gris en Finlande, informations sur le loup gris en Finlande et conseils pratiques.

Le loup gris en Finlande

Le loup gris (Canis lupus) est un canidé au même titre que le chien, le renard, les chacals, le lycaon ou le dingo. On le nomme susi en finnois.

La fourrure du loup gris est jaune doré ou gris argenté. Le loup est le plus grand canidé vivant à l’état sauvage. Son corps mesure entre 100 et 140 cm de long, sa queue mesure entre 35 et 50 cm et il pèse généralement entre 20 et 50 kg. Le mâle est plus grand que la femelle.

Le loup a les oreilles dressées et ressemble à un chien aux oreilles pointues. Il est souvent difficile de distinguer un loup d’un chien, mais la queue du loup, qui pend vers le bas, est un signe révélateur. Les traces du loup ressemblent à celles d’un gros chien. Les pattes avant du loup sont plus grandes que ses pattes arrière. Le loup a également des dents carnassières plus longues et plus grosses que celles du chien.

Le crâne et le museau du loup sont longs, ce qui est une condition préalable à un odorat très développé. On estime que le loup a un odorat 14 fois plus développé que celui de l’homme. Le loup a également une excellente ouïe, mais sa vue est son sens le moins développé.

La structure des dents et des mâchoires du loup est typique du prédateur. Plus de 70 % de son alimentation est constituée de viande, qu’il s’agisse de proies de différentes tailles ou de carcasses. La diversité de son alimentation est clairement visible dans la structure de ses dents. Les canines sont grandes, mais pas particulièrement acérées ou aplaties comme celles du lynx. Les dents carnassières sont grandes et très efficaces pour couper la viande. Les prémolaires bien développées, qui servent à découper les petites sources de nourriture, sont un autre signe révélateur d’un régime alimentaire varié. Le loup a également des molaires relativement bien développées, ce qui lui permet de choisir son alimentation de manière flexible.

Le loup a failli disparaître d’Europe au 19e siècle. La persécution perdure encore aujourd’hui en Finlande comme ailleurs. Le loup est sans doute l’animal le plus mal compris au monde. De tous les prédateurs nordiques, le loup est l’espèce la plus sociale qui préfère vivre en meute formée d’unités familiales. Les loups communiquent entre eux par des postures, des gestes, des expressions faciales, des marques olfactives et des hurlements. Les loups hurlent pour signaler le début de la chasse, pour garder leur territoire et pour rassembler la meute.

Selon LUKE, l’institut des ressources naturelles de Finlande, la population de loups gris augmentent d’environ 10% par an en Finlande depuis 2017 (Source). En 2023, la population de loups était estimée à 310 individus, soit moins d’1/3 de la population française. Pourquoi si peu de loups en Finlande ? C’est simple, le loup gris est chassé en Finlande. Lorsque l’on regarde son aire de répartition, on peut être surpris de constater qu’il n’existe quasiment pas en Laponie. Mon hypothèse : les éleveurs de rennes les abattent pour protéger leurs troupeaux. En 2022, un total de 518 moutons et 1 261 rennes ont été tués par des loups en Finlande, et un peu moins de 50 attaques contre des chiens ont été enregistrées par les autorités de protection des animaux.

Les affûts photo pour le loup

Les affûts photo sont de petites cabanes en bois pour 1 à 10 photographes disposant de manchons pour passer les objectifs et de tablettes pour visser une tête de trépied. Les plus confortables ont des toilettes sèches et des lits, mais ce n’est pas le cas de tous. Il peut arriver de dormir sur un matelas de camping disposé sur le sol et de faire ses besoins dans un seau. L’hiver, un chauffage peut se louer.

Le confort va de rustique à confortable.

Quels autres animaux voir aux affûts loup ?

Dans les mêmes affûts, il est possible de photographier également l’ours brun, le glouton, mais aussi le corbeau, plusieurs espèces de goélands et le pygargue à queue blanche. Dans des affûts différents, les photographes animaliers peuvent aussi immortaliser le grand tétras (mi avril – mi mai) et le tétras lyre (fin mars à mi mai).

Des appâts sont-ils utilisés pour attirer les prédateurs ?

Oui, des appâts sont disséminés au sol pour attirer les prédateurs que sont le loup gris, l’ours brun et le glouton. Il peut s’agir de morceaux de poissons, de croquettes végétales pour chiens ou d’une carcasse (rennes, élan, cochon).

Les loups gris peuvent venir devant les affûts pour manger les appâts mais j’ai remarqué sur place que parfois, ils venaient sans prêter attention à la nourriture. Ils avaient alors tendance à marquer leur territoire.

Combien de temps dure un affût photo ?

La durée d’un affût photo ours brun en Finlande va dépendre de la saison. Durant l’été en juillet, l’affût dure 15h et se déroule principalement de nuit. À cette époque de l’année, la nuit est cependant très courte (quelques heures).

Les horaires des affûts diffèrent selon la saison et la lumière :

• Avril à août de 17h à 8h ou seulement le soir
• Septembre de 14h à 21h
• Octobre de 12h à 18h
• Novembre de 10h à 16h
• Décembre et janvier de 9h à 15h
• Février de 9h à 17h
• Mars de 9h à 19h

Récit de mes affûts pour photographier le loup gris en Finlande

Voici le récit de mes différents affûts à la rencontre du loup gris en Finlande.

Affût à la fin de l’hiver : Première rencontre avec le loup gris

Il est 21h12. Le soleil se couche sur la taïga. Un ours brun est face à l’affût. Quelques minutes plus tard, la nuit s’installe tranquillement lorsque la meute de loup se met à hurler. Des frissons de plaisir parcourent alors tout mon corps. Je me couche les larmes aux yeux, plein d’espoir pour la matinée suivante.

3h00 du matin, le réveil sonne. Immédiatement, mon regard se penche sur la lucarne de mon affût. Un loup gris est devant moi à environ 100 m. En arrière-plan, le ciel commence à s’illuminer. Le lever de soleil n’est pas loin. Il contourne une vieille carcasse, mais n’y touche pas. Il part à l’opposé, fait une halte et tourne sa tête vers mon affût. Mon cœur ne respire plus, je déclenche l’appareil photo pour immortaliser ce moment. Il quitte le marécage enneigé.

3h15, le même loup revient sur le site depuis le fond du marécage. il se balade pendant sept minutes et s’en va de nouveau.

5h50, deux loups gris font un dernier passage devant l’affût. Il est 6h00 quand ils s’enfoncent dans la forêt.

Affût en été : Nouvelles rencontres avec le loup

Les deux parties suivantes font référence aux observations réalisées pendant le voyage photo que j’accompagnais en 2024 pour objectif Nature.

9 juillet, 17h30, nous finissons de nous installer dans l’affût collectif devant le marécage. Dans le même temps, une carcasse de rennes est déposée sur le site pour attirer les prédateurs.

Nous sommes dans le nomad’s land qui longe la frontière russe distante d’environ 2 km d’ici. En dehors de ces affûts photographiques, toute activité et toute présence humaine est interdite. Les jours précédents, les loups ont pu être observés à de nombreuses reprises depuis cette zone. J’espère que nous aurons aussi cette chance.

L’an passé, ça avait été une grande émotion d’observer et de photographier le loup gris dans la neige. En attendant qu’un des prédateurs arrivent, nous installons nos lits pour la future courte nuit. Quelques corneilles mantelées, hirondelles de fenêtre, goélands cendrés et bergeronnettes grises passent devant l’affût. J’aperçois aussi un rapace en vol derrière le marécage sans l’identifier avec certitude. Un pygargue à queue blanche ? Il m’apparaît plus petit. Sans doute un milan noir. La bergeronnette grise est souvent posée sur l’affût à notre droite, comme l’année précédente. À cette saison, un juvénile est aussi présent.

19h30, toujours pas de prédateur en vue. L’attente s’installe. Dans un affût voisin, j’entends des ronflements réguliers. À plusieurs dans un affût, il est important de se relayer pour ne rien rater et ne pas trop se fatiguer. Car à cette saison de l’année, le soleil se couche vers 23h00 et se lève vers 3h30. Les nuits sont courtes.

19h47, un ours brun est aperçu de l’autre côté du marécage en lisière de forêt. Il la longe pendant quelques minutes et disparaît sans être venu au milieu du marécage.

20h15, l’orage gronde au nord de l’affût. Cela dure près de 45 minutes. Il est parti en direction de la Russie.

22h15, un ours brun arrive par la gauche de l’affût. Il se dirige directement sur le renne, mais le laisse rapidement de côté. Il rejoint les restes d’une carcasse de cochon et arrache un gros morceau et s’en va avec pour aller le manger loin des affûts. Il est resté 5 minutes. Ça n’était pas le plus gros ni le plus beau des ours, mais c’était le premier du voyage photo.
Il a un bout de lèvre qui pendouille. Après vérification avec l’équipe locale. C’est un vieux mâle dénommé Boss. Il a cette lèvre depuis ce printemps, sans doute suite à un accrochage avec un autre mâle.

23h08, deux loups traversent le marécage de la gauche vers la droite. Ils sont loin, le loup de couleur claire est la nouvelle femelle alpha de la meute. Cette année est une année noire pour les loups. Des loups ont été tués au terrier et d’autres empoisonnés par des braconniers. Ils sont nombreux en Finlande et n’aiment pas les prédateurs.

On se couche vers 23h30, histoire d’avoir quelques heures de sommeil. Il ne fera jamais vraiment nuit noire. Un peu avant 3h, je me réveille définitivement par les ronflements. Autant se lever que de mal dormir. Une petite brume a envahi le fond du marécage.

Au réveil, les restes du cochon ont disparu. Un ours brun a dû passer pendant notre sommeil.

3h28, un pygargue à queue blanche immature se pose sur le haut d’un arbre et fait un passage pour faire dégarpir les goélands. Il vole en ombre chinoise face à nous et se repose sur la partie sommitale d’un pin.

3h56. Deux loups arrivent dans le marécage. Avec le soleil qui nous fait face, le marécage est en feux. La lumière est dingue. Les Dieux nous ont béni. Et en plus, la brume crée une atmosphère tout à fait féerique.
Un des deux loups, moins craintifs, vient à proximité des affûts pour manger quelques appâts qu’il chaparde vite fait et qu’il emporte quelques mètres plus loin. Entre deux bouchées, il marque son territoire. Après plus de 10 minutes, il s’en va en direction du fourré.
Un autre loup est en arrière-plan à une centaine de mètres. Quelle ambiance magique !!!
Une observation de dingue, j’en ai encore les poils sur les bras lorsque j’écris ces mots.

Deux autres loups gris repasseront au loin, dans le marécage.

Second affût estival : ours et loups face à nous

Nous sommes trois à retourner dans le même affût. Les trois autres sont dans un affût en forêt propice à la photographie du glouton.

Les corvidés sont nombreux sur la plaine.

20h22, une ours est aperçue vers l’est en lisière de forêt. Elle longe le marécage, le traverse en arrière-plan. Elle est suivie par un mâle au pelage foncé. C’est the Boss, le vieux mâle à la lèvre pendue. D’un pas d’habitude nonchalant, il la suit à vive allure. Il doit sentir à coup sûr qu’elle est prête pour avoir de nouveaux jeunes. On est à la fin de la période de reproduction. Mais visiblement, la femelle n’en veut pas, car elle aussi marche d’un pas rapide et dans le sens opposé du mâle. Elle tente de le semer.

Nous la perdons de vue un temps. Elle réapparaît près de l’affût et s’approche de la carcasse de renne. Elle la retourne, commence à enlever les poils de l’herbivore. Le mâle sort lui aussi d’un bosquet et s’approche, ce qui fait fuir la femelle. Lui s’assoit et mange un appât. Puis voyant sa potentielle partenaire partie, il s’en va à son tour en la suivant à l’odorat.
Pas de fucky fucky ce soir. Ils seront restés 15 minutes à se déplacer devant nos yeux ébahis.

Nous apprendrons plus tard qu’ils ont rejoint l’affût en forêt.

22h38, les deux mêmes ours repassent devant notre affût. Boss est toujours aux baskets de la femelle qui ne donne toujours pas l’impression de vouloir se faire saillir. Ils restent 10 minutes et s’enfoncent dans le bois derrière les affûts.

Le ciel est couvert ce soir et cela devient difficile de faire des images sans partir dans des réglages démesurés. Du coup, nous nous préparons pour aller nous coucher et faisons sonner le réveil à 3h00. Soudain, Laurence voit un mouvement au fond du marécage. Un loup ? Un renard ? Pendant que nous tentions de l’identifier aux jumelles, nous n’avions pas vu deux loups arriver devant l’affût. Ils bougent pas mal en quête de nourriture. Je tente de les photographier à 12 800 isos et 1/400eme. Et voici ce que ça donne en photos.

Maintenant c’est l’heure d’aller se coucher.

3h00, le réveil sonne. J’ai la tête dans le cul. Je force à me lever. Marie m’entends bouger et se lève aussi.
Alors que j’annonce me recoucher, car je suis épuisé, Marie lance un « loup » sur notre gauche. Laurence se réveille à son tour et nous photographions les loups tous ensemble. Il s’agit des mêmes individus que la veille.

J’ai besoin de sommeil. Je retourne m’allonger. Je me réveille 3h plus tard. Les filles se sont recouchées aussi. Accumuler des affûts est fatigant. Et tant pis si j’ai raté une observation, il me fallait dormir. Dans un de mes rêves, un glouton dansait avec un ours au rythme du tapement de patte d’un loup. Il n’y a pas à dire, les affûts en Finlande tapent sur le système nerveux !

Cahier pratique de mes affûts photo loup gris en Finlande

Comment s’y rendre ?

Vol international jusqu’à l’aéroport de Kaajeni (le plus proche) ou Kuopio via Helsinki. La voiture est ensuite indispensable pour se déplacer si vous voyagez par vous-même. Le centre qui gère les affûts peut aussi organiser un transfert depuis l’aéroport.

Recherchez votre billet d'avion

Où dormir ? Où manger ?

Le site qui gère les affûts dispose de chambres pour vous héberger. Si vous disposez d’un camping-car ou d’un van, vous pouvez aussi vous plugger à une prise électrique et dormir dans votre véhicule.

Le site peut aussi gérer les repas : petit-déjeuner au retour d’affût, déjeuner en début d’après-midi et pique-nique pour la nuit d’affût.

Quand y aller ?

Il est possible de photographier le loup gris toute l’année.

Chaque saison est différente :

• De novembre à fin avril, le loup gris peut être photographié dans des conditions hivernales.
• De juin à fin juillet, beaucoup de jours et peu de nuit.
• À partir de fin août, on peut photographier les louveteaux de la portée de l’année
• Fin septembre/début octobre, les couleurs d’automne apportent une touche unique aux photos. Mais attention, cette période est très courte en Finlande et varie un peu d’une année à l’autre.

Quel matériel photo emporter pour réaliser l’affût ours brun en Finlande ?

Je recommande des objectifs de 70 à 800 mm et d’emporter avec soi deux boitiers photo. Plus les objectifs ouvrent, mieux c’est car les loups gris peuvent fureter devant les affûts au crépuscule ou même la nuit. Quand la neige est présente, et encore plus si elle est molle, les loups peuvent ne pas s’approcher très près des affûts.

Inutile d’emporter un trépied. Par contre une tête pendulaire est fortement recommandée.

Voyages Photos en Finlande

Depuis mes différents voyages en Finlande, j’ai créé et j’accompagne deux voyages photo avec Objectif Nature :

• Les oiseaux de la taïga au printemps
• Ours bruns, loups gris et gloutons en affût pendant l’été et à la sortie de l’hiver

Réserver les affûts photo en direct

Si vous ne souhaitez pas vous joindre à mes voyages photos, vous pouvez réserver les affûts directement auprès du centre avec qui j’ai affûté en remplissant ce formulaire :

Je connais également un autre site d’affût pour photographier l’ours brun et le glouton. Vous pouvez adresser une demande de devis auprès de ses agences locales finlandaises également.

Ouvrages naturalistes

Plusieurs ouvrages intéressants sur le loup :

• Le loup : un petit ouvrage qui synthétise les connaissances en 36 pages. Convient à tout âge.
• La vérité sur le loup, ce mal-aimé : un essai pour en finir avec le mythe du Grand Méchant Loup.
• Le Loup : un ouvrage très bien documenté. Une bible de connaissance.
• Les loups, sauvages et fascinants : un bel ouvrage photographique.

Grégory Rohart

Je m’appelle Grégory et je suis l’auteur de My-Wildlife, mon blog sur les safaris, l’ornithologie et l’observation animalière. Si comme moi, tu aimes la nature, suis mes conseils et inspire-toi de mes carnets naturalistes pour voyager en découvrant la vie sauvage. J’accompagne aussi des voyages photo qui offrent la possibilité de progresser en photographie tout en bénéficiant d’excellentes conditions d’observation et de prises de vue.

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