En décembre 2023, je me suis rendu en Mauritanie pour randonner dans l’Adrar et observer les oiseaux au parc national du Banc d’Arguin avec Atalante. Retour sur ces trois jours d’ornithologie.
Le parc national du Banc d’Arguin
D’une superficie de 12 075 km², le parc national du Banc d’Arguin est à la fois un parc marin et côtier qui s’étend sur plus de 180 km le long du littoral mauritanien. Son territoire s’étend de la pointe Minou au nord (au-delà du cap d’Arguin) jusqu’à la ville de Mamghar au sud (située au-delà du cap Timiris). Il protège ainsi 40% du littoral mauritanien.
D’une étendue de 12 000 km2, ce parc marin et côtier occupe la moitié orientale du golfe d’Arguin. Il couvre une bande allant de la pointe Minou au nord (au-delà du cap d’Arguin), jusqu’à la ville de Mamghar au sud (au-delà du cap Timiris), et inclut les îles d’Arguin et de Tidra.
Le paysage est composé de dunes de sable, de zones côtières marécageuses, de sebkhas, de petites îles et d’eaux côtières peu profondes. Cette diversité de biotopes favorise la vie animale et végétale dans le parc national.
Le parc national du Banc d’Arguin a été créé en 1976. C’est aussi un site Ramsar depuis 1982 ; il est enfin classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1989. Pourquoi tous ces classements de protection ? La coexistence d’herbiers et d’un important phénomène d’upwelling (Remontée vers la surface des eaux froides profondes, le long de certains littoraux océaniques) favorise une productivité biologique élevée, ce qui explique la présence de populations denses d’oiseaux d’eau, de poissons, d’invertébrés et de mammifères marins (dauphin souffleur, dauphin à bosse, orque…). Le PNBA abrite plus de 2 millions d’oiseaux migrateurs pendant la période d’hivernage, essentiellement des limicoles.
Quels oiseaux voir au parc national du banc d’Arguin ?
Le parc national du Banc d’Arguin est connu pour son avifaune : plus de 150 espèces selon Avibase. Au delà du nombre d’espèces, ce qui impressionne lorsqu’on visite le parc national du Banc d’Arguin, c’est le nombre d’oiseaux. Lorsque la période de nidification se termine, plus de 2 millions d’oiseaux migrateurs font escale dans le parc national qui se targue d’abriter la plus haute densité de limicoles au monde à marée basse.
Parmi les oiseaux, le parc national du Banc d’Arguin compte un grand nombre de limicoles : courlis cendré et corlieu, barge rousse, grand gravelot, tournepierre à collier, bécasseau sanderling, bécasseau cocorli, échasse blanche, avocette élégante, etc mais aussi des oiseaux de mer (sternes, cormorans, goélands, etc.) et des grands échassiers (héron, aigrette, spatule, flamant rose et flamant nain, etc.). Si les limicoles vous intéressent, la Réserve Naturelle Moëze-Oléron en Charente-Maritime est aussi un France un magnifique site d’hivernage.
Dans le parc national du Banc d’Arguin, vous pouvez trouver deux espèces d’oiseaux endémiques : le héron pâle (Ardea cinerea monicae) et la spatule du Banc d’Arguin (Platalea leucordia balsaci), qui sont des sous-espèces respectivement du héron cendré (Ardea cinerea) et de la spatule blanche (Platalea leucordia).
La pêche dans le parc national du Banc d’Arguin
Le parc national du Banc d’Arguin a la particularité de comporter des villages Imraguen dont la population pratique la pêche traditionnelle à pied avec des « filets à épaule » pour capturer le mulet jaune. Elle pêche aussi depuis des lanches (bateau à voile latine) embarcations introduites au début du siècle par des pêcheurs canariens.
Ces populations sont les seules à être autorisées à pêcher dans l’enceinte du parc national. Toute utilisation de bateaux à moteur est strictement interdite dans les eaux du parc.
Le parc national du Banc d’Arguin est confronté à une menace de surpêche non durable en raison de l’exploitation à grande échelle des eaux situées en dehors de ses limites par des acteurs internationaux, ainsi que des incursions de flottes de pêche pirates en provenance de pays voisins.
Mes deux jours de découverte du parc national du banc d’Arguin
Avant de rejoindre le parc national du Banc d’Arguin, j’ai passé 4 jours dans l’Adrar à me balader dans le désert. Si l’observation des oiseaux n’était pas le principal objectif de cette partie du voyage, je me suis tout de même fait plaisir à observer et à observer et photographier traquet rieur, traquet à tête blanche, traquet du désert, sirli du désert, tisserin à tête rousse ou encore courvite isabelle. Pendant une nuit à la belle étoile, j’aurais même le plaisir d’entendre le chant du grand-duc ascalaphe. Hélas, je ne le verrais pas.
Après ces quelques jours dans l’Adrar, cap vers le parc national du Banc d’Arguin pour y observer les oiseaux.
Observation des oiseaux sur la plage d’Arkeiss et cap Tafarit
Vers 13h00, nous arrivons au camp PNBA d’Arkeiss. C’est marée haute. Je pars donc m’installer dans la khaima face à la plage pendant qu’Animata, la cuisinière de notre voyage, s’affaire à préparer le déjeuner. Un peu de lecture et une sieste.
Pendant que le reste du groupe part se balader sur la plage, je décide de rester dans le secteur. La marée est en train de descendre et l’estran commence à se montrer. Je pars donc m’assoir sur la plage. Je fais décoller quelques limicoles mais je sais qu’ils vont revenir.
Pendant un peu plus d’une heure, les limicoles sont assez nombreux à venir manger des vers et de petits crustacés. Les tournepierres à collier sont bien représentés comme les barges rousses et les bécasseaux sanderling. De temps à autre, quelques bécasseaux cocorli et des grands gravelots viennent se mêler à la recherche de nourriture. Un héron pâle (Ardea cinerea monicae), sous espèce du héron cendré ainsi qu’un goéland brun passeront aussi quelques temps devant moi.
Au retour de la balade d’El Bekaye, mon guide mauritanien, et du reste du groupe, nous partons vers le Cap Tafarit observer le coucher de soleil. La marée basse est bien plus éloignée ici et j’observer les limicoles aux jumelles. Un héron pâle est en train de pêcher lorsque les dernières lueurs du soleil se posent sur l’horizon. Contrairement au héron cendré, le héron pâle niche au sol sur des îlots, notamment Kiaone et Arel.
Croisière ornithologique en lanche dans le parc national du banc d’Arguin
Le jour suivant, nous partons en croisière en lanche avec des pêcheurs Imraguen et un guide du parc national du banc d’Arguin depuis le village d’Iwik à 30 km au sud de notre campement. Avant de monter dans la lanche, j’ai le temps de photographier sur la plage un tournepierre à collier, un bécasseau sanderling et une aigrette des récifs (phase sombre).
Nous mettons le cap vers l’ouest vers un îlot qui se couvre et se découvre selon la marée, et qui est très apprécié des limicoles et des échassiers.
Comme nous avançons à la voile, la progression est lente. C’est très sympa d’avancer à ce rythme là. Cela permet de comprendre le fonctionnement du bateau. Ils utilisent le tango, une espèce de grosse poutre, pour bouger la voile et la gonfler selon l’orientation du vent. En chemin, nous croisons de nombreux oiseaux plus ou moins éloignés de notre embarcation : pélicans blancs, cormorans africains et grands cormorans, hérons pâles, sternes caspiennes et fous de bassan dont la population ne cesse d’augmenter aux dire du guides du parc en raison de la pêche industrielle qui entoure les eaux du parc national. Il trouve ici les ressources nécessaires à sa survie.
Puis nous arrivons sur le bord de l’îlot. Nous y observons des goélands railleurs et bruns, des courlis corlieux, de nombreuses sternes, essentiellement caspiennes et hansel, et des flamants roses au loin. Nous restons en bordure de l’îlot et attendons que la marée monte pour voir s’envoler les oiseaux. En attendant, les Imraguen se mettent à la pêche. Au bout de quelques minutes, ils remontent un poisson chat puis une truite. Nous déjeunons.
La marée commence à recouvrir l’îlot. Nous nous mettons en route pour bien nous positionner pour observer le passage des oiseaux vers un reposoir d’un autre îlot. Par mi les nouvelles espèces qui passent devant notre lanche, je repère quelques sternes royales, des spatules blanches, des barges rousses, des huitriers pies. Sur le reposoir constitué d’une fine bande de sable, des milliers de limicoles et d’échassiers sont posés. Nous ne nous approchons pas trop prêt pour ne pas les faire décoller. A distance, nous les observons puis reprenons doucement, très doucement le chemin du retour vers le village d’Iwik. Nous dormons dans le campement du village.
Cap Timiris et retour sur Nouakchott par la plage
C’est déjà le dernier jour de mon voyage en Mauritanie et nous devons rentrer en 4×4 vers la capitale Nouakchott. Nous rejoignons le village de Tessot plus au sud. A travers la vitre du véhicule tout terrain, nous apercevons l’île de Tidra. Depuis 1982 on ne peut plus y accoster et y descendre. On y trouverait selon le guide du PNBA des gazelles dorcas (Gazella dorcas) et des chacals dorés (Canis aureus).
A l’extrême sud du parc national du Banc d’Arguin, nous faisons une halte au Cap Timiris. Sternes caspiennes, pélicans blancs et goélands bruns sont posés sur un banc de sable. Légèrement en retrait de l’océan, un plan d’eau muni d’un observatoire permet de juméler les oiseaux. On y verra un grand gravelot. Nous sortons de l’enceinte du parc national du Banc d’Arguin.
Sur le retour vers Nouakchott, nous croisons des dromadaires, de nombreux balbuzards pêcheurs, des sternes caspiennes, des pélicans blancs, un faucon crécerelle, des flamants roses.
La Mauritanie compte deux autres parcs nationaux :
- Le parc national du Diawling, versant mauritanien du parc national du Djoud au Sénégal
- Le Parc national d’Awleigat qui vient de récemment recevoir des oryx d’Arabie
Je n’ai trouvé que peu d’infos sur le second mais le premier semble intéressant d’un point de vue ornithologique. Il va falloir que je m’y penche pour un futur voyage en Mauritanie.