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Ornithologie dans le parc national El Impenetrable

J’ai eu la chance d’être l’un des premiers visiteurs du parc national El Impenetrable dans la province du Chaco dans le nord de l’Argentine. Je l’ai découvert dans le cadre du pré-summit de l’Adventure Travel World Summit qui s’est déroulé en 2017 à Salta.

Retour sur mon voyage ornithologique dans le parc national El Impenetrable.

Le parc national El Impenetrable

Officiellement inauguré en août 2017, le parc national El Impenetrable s’étend sur 128 903 hectares sur les anciennes terres de l’hacienda de la Fidelidad entre les rivières Bermejo et Bermijto qui forment des frontières naturelles.

El Impenetrable est le parc national le plus vaste dans le nord de l’Argentine. Il a été créé pour protéger la forêt car la région souffre beaucoup de déforestation. Je rappelle que les forêts du Chaco constituent le deuxième plus grand bloc forestier en Amérique du Sud après l’Amazonie.

La surface du parc national est aussi un élément important pour maintenir les populations de mammifères en danger comme le tapir, le tatou géant, le pécari, le jaguar, le puma ou encore le fourmilier pour n’en citer que quelques-uns.  Le parc national abriterait également plus de 180 espèces d’oiseaux dont l’aigle couronné, le jabiru, l’amazone à front bleu, le pic noir, l’ortalide du Chaco, le bec-en-ciseaux noir et le synallaxe à front roux.

La création du parc national est soutenue par la fondation Tompkins.

Spatule dorée, Parc national El Impenetrable

Hérons, cigognes et spatules rosées à Fortin Chaja

Sur la route 16 entre Resistencia où j’ai atterri et Presidente de la Plaza au niveau de Fortin Chaja, une zone humide est le lieu de nidification de spatules dorées, tantales d’Amérique et de plusieurs espèces de héron (bihoreau gris, héron garde-bœufs, hérons striés).

Les 4×4 s’arrêtent sur le bord de la route, nous sortons des véhicules pour nous approcher à distance raisonnable. Indifférents aux bruits de la circulation, les oiseaux nichent dans les arbres. Les spatules dorées, particulièrement actives, font des va-et-vient au dessus de nos têtes et reviennent avec de la nourriture pour les jeunes. C’est la première fois que j’observe une spatule dorée, je suis plus habitué à rencontré la spatule blanche en France ou la spatule d’Afrique lors de mes safaris en Afrique du Sud. Au départ, j’ai d’ailleurs cru que j’observais des flamants roses en raison de la couleur du plumage, puis dès que j’ai pu reconnaître le bec caractéristique des spatules, il m’a été facile de nommer l’espèce.

La couleur rose pétante m’a permis de sauver deux trois photos vu le manque de lumières et l’heure avancée de la journée.

Singes hurleurs sur le rio Bermejito

Nous reprenons la route, faisons une halte dans la communauté Qom de Fortin Lavalle et poursuivons jusqu’à Villa Bermejito où nous nous installons au camping.

Nous partons sur le rio Bermejito explorer les rives. A part une grande aigrette, je n’ai rien vu. C’est étrange ce calme plat. Puis soudain, au moment où le soleil est en passe de se coucher, nous entendons des branches qui s’agitent sur notre droite. Instinctivement, tout le monde lève la tête. Un groupe de singes hurleurs noirs (Alouatta carayá) se déplacent dans les arbres. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils ne sont pas tous noirs. Seuls les mâles le sont. Les femelles ont un pelage beige paille.

C’est le singe le plus austral et le plus grand d’Amérique (90 cm de haut et autant pour la queue). Avec un cri qui peut être entendu à plus de 16 km à la ronde, c’est aussi l’animal qui a les cordes vocales les plus développées au monde. A titre de comparaison, on peut entendre le rugissement d’un lion jusqu’à 10 km.

Après une bonne nuit sous la tente, c’est aux chants des oiseaux que je me réveille sur les coups de 6h00. Quel merveilleux début de journée. Ce matin avant de prendre la route pour le parc national El Impenetrable – car nous sommes encore en bordure – j’ai le temps d’apercevoir un paroare huppé, un magnifique passereau avec une tête et une crête toute rouge. Raison pour laquelle, on lui donne aussi le nom de cardinal à tête rouge.

Après le petit-déjeuner, je photographie un jacarini noir, un autre passereau.

Le martin-pêcheur vert, le roi des vautours et le colibri

Avant de rejoindre le parc national El Impenetrable, nous faisons un dernier arrêt au village de Paraje Nueva Población lui aussi en bordure du rio Bermejito. L’association de villageois Orfacam y gère un terrain de camping, un site d’apiculture et des sorties en kayak.

Lors de la sortie en kayak, des vautours noirs seront observés régulièrement et j’aurais aussi la chance d’observer un sarcoramphe roi, king vulture en anglais, perché sur les hauteurs des branches d’un arbre en bordure de la rivière. Bien que son statut CITES soit peu menacé (préoccupation mineure), il ne s’observe pas facilement dans la région du parc national. Il est facilement reconnaissable à sa tête multicolore.

Autour du village, je verrais à de nombreuses reprises un martin-pêcheur vert, quelques conures veuves sur des cactus et un colibri guaïnumbi qui a fait son nid dans une tente servant d’entrepôt pour les villageois. Il n’arrête pas de faire des allers et venus jusqu’au nid pour nourrir ses deux jeunes. Vu la très faible lumière, je n’ai pu faire qu’une photo à 6400 ISO.
colibri guaïnumbi, Parc national El Impenetrable

Observations des oiseaux dans le parc national El Impenetrable

L’immersion au cœur du parc national El Impenetrable a duré deux jours et demi. Le premier jour, nous avons rejoint le rio Bermejo et sommes partis l’explorer en lancha. Sur les rives de cette large rivière qui fait office de frontière entre les provinces du Chaco et de Formosa, j’ai pu observer de nombreux oiseaux : urubu à tête jaune, héron cocoi, jabiru, buse solitaire, tyran olivâtre, paroare à bec jaune, caracara huppé.

Le second jour et la dernière demi-journée, nous avons sillonné le parc national jusqu’aux lagunes El Breal et El Suri. Un moucherolle pie, un passereau de la famille des tyrannidés avec une tête d’un blanc étincelant, virevolte devant l’appareil jusqu’à se poser quelques secondes sur une branche. J’ai juste le temps de déclencher l’obturateur qu’il s’envole à nouveau. Un tyran des savanes, un autre passereau de la même famille mais avec une queue bien plus longue passe devant moi pendant que des courlans bruns atterrissent à une trentaine de mètres d’où nous sommes. Un couple de canard à collier noir nage dans la lagune puis s’envole. Nous quittons les lieux après deux heures d’observation.

Dans le secteur de l’estancia abandonnée de la Fidelidad, j’ai pu observer des cornures veuves autour du nid, un anhinga d’Amérique faisant sécher ses ailes au soleil et un cariama de Burmeister s’envolant d’une branche.

Cornures Veuves, Parc national El Impenetrable
Pécaris et draguet gris sur la piste

Le parc national El Impenetrable est encore très jeune et l’observation des mammifères est assez compliquée pour différentes raisons :

  • La végétation est dense
  • Les animaux ne sont pas encore habitués à la présence humaine
  • Les populations doivent en partie se repeupler grâce à la protection du parc national (la zone était chassée avant la création du parc national).

Afin d’établir un recensement, des caméras de surveillance se déclenchant aux passages des animaux ont été mises en place sur des lieux stratégiques.

Pendant longtemps, j’ai bien cru que nous n’observerions pas de mammifères. Puis, le dernier jour alors que nous rentrions vers la porte d’entrée, nous avons pu observer une fesse de tatou géant (c’est mince je le reconnais), une famille de pécaris sur la piste et un draguet gris, un cervidé, bien caché dans la forêt.

Ces sept jours de voyage naturaliste jusqu’au parc national El Impenetrable ont été intenses. Je suis revenu enchanté de cette aventure et même si je n’ai pas vu de jaguar ou de tapir, j’ai été ravi de ma découverte. Il n’y a pour le moment pas d’hébergements au sein du parc national mais la construction de 6 écolodges pour 16 personnes sont en projet. J’aimerais beaucoup à cette occasion revenir dans la zone pour voir comment le parc national a pu développer ses activités de conservation et d’éducation à la nature.

Toujours en Argentine mais dans un environnement complètement différent, allez voir les gorfous sauteurs de la isla Pingüino et les autres oiseaux de l’île. Un lieu splendide pour les amoureux de la nature.

Informations pratiques

Comment s’y rendre ?

Vol international jusque Buenos Aires, puis vol national jusque Resistencia. Attention, il y a un changement d’aéroports à Buenos Aires (prévoir deux heures de transfert).

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Je vous invite aussi à tester le comparateur de vols Kayak.

Quand y aller ?

Le climat est de type semi-tropical continental. La saison des pluie s’étale de novembre à mi-avril. La meilleure période s’étend d’août à octobre pour l’observation des oiseaux.

Avec qui partir ?

L’agence Vagabundos Viajes basée à Resistencia pourra vous organiser votre voyage vers le parc national El Impenetrable.

Parc national El Impenetrable

Plus d’informations sur www.impenetrableparquenacional.org

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