Au printemps, j’ai découvert la réserve naturelle nationale des Sept-Îles au nord de la Bretagne en réalisant une croisière. Lisez ce guide pratique pour préparer votre croisière ornithologique à la réserve naturelle des Sept-Îles. Degemer mat !
La Réserve Naturelle Nationale des Sept-îles
La réserve naturelle nationale des Sept-Îles se trouve dans les Côtes-d’Armor en Bretagne au large de la Côte de Granit Rose. En 1910, le nombre de macareux moine de l’archipel des Sept-Îles passent de 20 000 à 2 000 oiseaux à cause des chasses organisées par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest. À la suite de l’implication de plusieurs naturalistes, dont Albert Chappellier et Louis Magaud d’Aubusson à l’origine de la création de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), le premier espace protégé français de droit privé est créée en 1912. Le site sera classé réserve naturelle nationale en 1976.
À sa création, la réserve naturelle nationale des Sept-Îles dispose d’une surface de 320 hectares. Elle est étendue à 19 700 hectares en 2023, ce qui en fait la seconde réserve naturelle nationale de l’hexagone après le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate. Le plateau des Triagoz et l’île Tomé viennent ainsi s’ajouter à l’archipel des Sept-Iles. L’objectif est d’englober de nombreux habitats naturels sensibles et de protéger les espèces menacées tant faunistiques que florales ainsi que de créer une zone de quiétude pour les fous de bassan de 130 hectares sans activité humaine entre le 1er avril et le 31 août. Il est question également, vous vous en doutez, de protéger la richesse de ce milieu sous-marin. De manière générale, les acteurs de la conservation s’accordent tous pour dire qu’aujourd’hui, il ne suffit plus de protéger l’île Rouzic où nichent les fous de bassan, il faut aussi protéger leur ressource.
La réserve naturelle nationale des Sept-Îles est gérée par la Ligue de protection des Oiseaux (LPO) et sont la propriété du Conservatoire du Littoral.
Pour davantage d’informations sur la biodiversité de la réserve naturelle nationale des Sept-Îles, je vous invite à visionner la vidéo suivante produite par la LPO.
Quels oiseaux observer dans la réserve des Sept-Îles ?
27 espèces d’oiseaux nichent dans la réserve naturelle des Sept-Îles dont 15 espèces d’oiseaux marins. L’île Rouzic constitue l’unique lieu de nidification du fou de bassan en France. L’archipel accueille également la grande majorité des effectifs de France métropolitaine du macareux moine, du pingouin torda et du puffin des anglais.
On peut également observer dans la réserve des Sept-Îles le cormoran huppé, le guillemot de troïl, la sterne pierregarin, l’huitrier pie, le fulmar boréal, le goéland argenté, le goéland brun…
Le phoque gris est aussi résident. Il représente la quali totalité des phoques à la réserve naturelle des Sept-Îles. Son effectif varie fortement en fonction de la saison, une cinquantaine d’individus en moyenne peuvent être observés à l’année, avec des pics à plus de 180 individus en période de mue. 1 ou 2 phoques communs sont par ailleurs observés chaque année. À marée haute, on voit les phoques sortir la tête de l’eau. À marée basse, ils sont souvent posés sur des rochers.
Effectif moyen par espèce en nombre de couples (source : Station LPO de l’île Grande)
Oiseaux | 2022 | 2023 |
Cormoran huppé | 263 | 288 |
Faucon pèlerin | 3 | 3 |
Fou de Bassan | 18 747 | 11 592 |
Fulmar boréal | 77 | 62 |
Goéland brun | 758 | (comptage 2021) |
Goéland argenté | 2015 | (comptage 2021) |
Goéland marin | 80 | nc |
Guillemot de Troïl | 125 | 134 |
Huîtrier pie | 66 | 68 |
Macareux moine | 78 | 53 |
Océanite tempête | nc | 179 |
Pingouin torda | 80 | 83 |
Puffin des Anglais | 716 | 849 |
Sterne pierregarin | 1 | 1 |
Tadorne de Belon | 3 | 4 |
Comment se comportent la colonie de fous de bassan après la grippe aviaire ?
La colonie de fous de bassan a été touchée par une épidémie de grippe aviaire en 2022 qui a tué 80 % des poussins et la moitié des couples. Les fous de bassan qui ont survécu au virus ont quitté l’île Rouzic en septembre 2022 pour migrer vers l’Afrique de l’ouest. À leurs retours, la couleur de leurs yeux avait changé. L’iris étant devenu noir en lieu et place du blanc habituel. Plusieurs questions se posaient alors ? Le changement de la couleur de l’iris était-il permanent ? Cela signifie t-il que les fous de bassan aux yeux noirs sont immunisés contre la grippe aviaire ? Ce nouveau phénotype sera t-il transmis aux petits fous ? Quelle est la taille de la colonie en 2024 ?
C’est avec ses questions que j’ai découvert la colonie de fous de bassan de la réserve naturelle des Sept-Îles en mai 2024. Premier constat, le nombre de fous de bassan de la colonie a effectivement chuté avec la grippe aviaire. C’est facile à observer puisque les espacements entre les fous sont aujourd’hui plus grands qu’avant et la colonie s’étale moins sur l’île Rouzic. Et comme la femelle ne pond qu’un seul œuf en avril/mai, cela va prendre du temps à la colonie pour retrouver sa taille d’avant l’épidémie.
Second constat, j’ai effectivement pu observer et photographié quelques individus avec un iris noir. Intrigué, j’ai questionné à ce sujet Romain Morinière, Directeur de la Station LPO de l’Ile Grande qui gère la réserve naturelle des Sept-îles. « L’iris noir résulte d’une uvéite et est en théorie présent jusqu’à la mort de l’animal. En l’état actuel des connaissances : il ne se transmet pas aux descendants » m’informe t-il.
La colonie de fous de bassan a été durement touchée par la grippe aviaire. En 2023, on comptabilise 11 592 couples alors qu’ils étaient 21 524 en 2019. Plus de détails dans le graphique ci-dessous.
Quelles sont les perspectives d’évolution de la colonie ? Difficile à dire pour le moment au vu de l’ensemble des menaces qui pèsent sur les oiseaux marins en général et les fous de Bassan en particulier (captures dans certains engins de pêche, raréfaction de la ressource alimentaire, changement climatique…), mais « le beau dynamisme observé depuis 2023 permet d’être positif quant à une éventuelle ré-augmentation des effectifs, même si cette évolution sera lente et ne permettra peut-être jamais de retrouver les effectifs d’avant 2022 » m’indiquait Romain Morinière.
- Bass Rock en Ecosse
- Troup Head en Ecosse
- L’île Bonaventure au Québec
Quand visiter la réserve naturelle des Sept-Îles ?
Les fous de bassan arrivent dès février sur leur site de nidification qu’ils quittent en septembre. Les alcidés sont présents de mars à juillet. Les croisières démarrent en avril et se terminent en septembre.
Si le macareux moine et les autres alcidés vous intéressent, privilégiez une visite de la réserve naturelle des Sept-Îles entre avril et début juillet. Pour la colonie de fous de bassan, de loin la plus nombreuse de l’archipel, vous pouvez découvrir la réserve après cette date.
Quelle croisière choisir pour visiter la réserve naturelle nationale des Sept-Îles ? Et où prendre le bateau ?
En vedette
Armor Navigation organise deux croisières dans l’archipel des Sept-Îles, avec ou sans débarquation sur l’île aux Moines (excursion d’1h45 à 2h30). Départ quotidien d’avril à fin septembre selon les conditions météorologiques depuis la gare maritime de la plage de Trestraou à Perros-Guirec. Départs également en juillet et août depuis la plage du Coz Pors à Trégastel et du port de Ploumanac’h.
En juillet et août, certaines excursions sans escale à l’île aux Moines se déroulent quotidiennement avec un guide de la LPO.
En voilier
Le Centre Nautique de Perros-Guirec organise des sorties en mer de 4h00 à la découverte de la réserve naturelle nationale des Sept-Îles à bord de son voilier Fillao. Capacité maximum de 10 places. Laurence pourra aussi vous emmener sur son voilier Sant C’hireg pour explorer l’archipel des Sept-Îles, Soit du port de Perros Guirec, soit au Coz Pors de Trégastel. 23 passagers maximum.
Si vous aimez la randonnée itinérante, allez également lire mon article sur le tour de la Côte de Granit Rose en 6 jours de marche, c’est une très belle randonnée.
Cahier pratique – réserve naturelle des Sept-Îles
Comment s’y rendre ?
Pour rejoindre Perros-Guirec en transport en commun, prenez le train via la gare de Paris Montparnasse, puis le bus TILT (Ligne E – Lannion / Perros-Guirec).
Où dormir près de la réserve des Sept-Îles ?
La réserve naturelle des Sept-Îles ne compte aucun restaurant et aucun hôtel. Voici quelques suggestions d’hébergement sur la Côte de Granit Rose :
- Perros-Guirec : Grand Hôtel Perros-Guirec – Hôtel Les Costans, The Originals Relais – L’Agapa Hôtel – Best Western Les Bains Hotel
- Ploumanac’h : Hotel De L’Europe – Hôtel des Rochers
- Trégastel : Park Hotel Bellevue – Hôtel de la mer
Ouvrages naturalistes
Le guide ornitho : la référence pour l’identification des oiseaux en Europe, Afrique du nord et Moyen-Orient. Existe aussi en application IOS et Android.
Si vous vous intéressez particulièrement aux oiseaux marins, faites l’acquisition de l’ouvrage Guide photo des oiseaux marins du monde: Identifier toutes les espèces pélagiques.
Plus d’informations
Je m’appelle Grégory et je suis l’auteur de My-Wildlife, mon blog sur les safaris, l’ornithologie et l’observation animalière. Si comme moi, tu aimes la nature, suis mes conseils et inspire-toi de mes carnets naturalistes pour voyager en découvrant la vie sauvage. J’accompagne aussi des voyages photo qui offrent la possibilité de progresser en photographie tout en bénéficiant d’excellentes conditions d’observation et de prises de vue.
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