A l’occasion de mes 15 jours de safari dans le nord du Kenya, j’ai découvert le parc national Meru. Situé en dehors des circuits classiques de safari, je souhaitais vérifier l’intérêt de la réserve qui a été rendue célèbre par George Adamson, le Baba ya Simba, littéralement le père des lions en Swahili, et sa femme Joy qui raconte leur expérience de réintroduction dans la nature de la lionne Elsa dans son livre Born Free.
Pendant deux jours, j’ai exploré le parc national Meru. Voici mon retour sur quelques rencontres animalières. En complément de ce récit, n’hésitez pas à lire mon guide du parc national Meru.
À la recherche du petit koudou
Le parc national Meru est l’un des meilleurs spots au Kenya et même plus largement sur son aire de répartition en Afrique de l’est pour observer le petit koudou.
Issu du genre genre Tragelaphus, c’est une antilope de taille moyenne avec une hauteur au garrot d’environ 1 mètre. Elle s’apparente plus ou moins aux autres antilopes du même genre. C’est sans doute avec le grand koudou qu’on pourrait la confondre. Le petit koudou est plus petit que son cousin le grand koudou mais puisqu’on ne les voit jamais côté à côte en pleine nature, ce critère de distinction n’est pas suffisant. Son pelage brun grisâtre peut comporter jusqu’à 15 rayures contre maximum 10 pour son « cousin ». Autre manière de les différencier, le petit koudou a deux tâches blanches sur la gorge et à l’intérieur des jambes, le Grand Koudou ne les a pas.
Dès lors que je rentre dans le parc national Meru, mes sens sont en quête du petit koudou. Dès mon premier safari, nous en croiserons. C’est une antilope farouche, voire très farouche. Je m’en étais rendu compte lorsque je l’avais observé la première fois au Kenya dans le Tsavo Ouest. C’est aussi le cas au Meru. Il faut dire aussi que le parc est très peu fréquenté. Les animaux sont beaucoup moins habitués à croiser des 4×4 qu’au Masaï Mara ou à Amboseli.
Si je ne réalise pas autant de photos que j’aimerais, je suis heureux de l’observer.
De nombreuses autres antilopes sont présentes à Meru : cobes à croissant, oryx beisa, gérénuks, gazelles de Grant, dik-diks, impalas, élands. Je suis surpris de voir autant de cobes à croissant car le parc national Meru est d’un aspect très sec. Mais 13 rivières et ruisseaux alimentés par des sources le traversent, ce qui explique leur présence en si grand nombre. C’est d’ailleurs dans ces exsurgences qu’on peut croiser le crocodile du Nil et l’hippopotame.
Vous aimeriez découvrir d’autres parcs et réserves au Kenya mais vous ne savez pas lesquels. Allez lire mon article Où faire un safari au Kenya ?
Des oiseaux par centaine
Dès mon entrée dans le parc national Meru, je constate une forte activité au niveau de l’avifaune. Je checke dans mon book ornithologique. La zone, comprenant également le parc national Kora plus au sud, comprend plus de 500 espèces.
Chez les rapaces, l’élanion blanc ainsi que l’aigle huppard et le bateleur ont souvent été vus posés sur une branche. Même chose pour le héron mélanocéphale mais sur des branches plus près du sol pour mieux scruter d’éventuelles proies, et pour le francolin à cou jaune qui marque ainsi son territoire.
Relativement proche de la Murera gate, c’est chaque soir l’effervescence chez les oiseaux. Les insectes sont de sortie, les oiseaux aussi pour les chasser. Et en premier les martins-chasseurs à tête grise, les rolliers à longs brins et les guêpiers à gorge blanche. On croise aussi dans le parc le guêpier d’Europe et le guêpier nain.
Les plus belles girafes d’Afrique
Le parc national Meru regorge de girafes réticulées. C’est l’une des 4 espèces de girafes vivant en Afrique selon les derniers résultats de chercheurs allemands. Ils en sont arrivés à ce résultat en étudiant la génétique à partir de biopsies de morceaux de peau.
Le continent africain ne comporte donc plus une seule espèce de girafe et ses 9 sous-espèces mais 4 espèces :
- La girafe Masaï (G. tippelskirchi)
- La girafe réticulée (G. reticulata)
- La girafe du nord (G. camelopardalis) qui comprend trois sous-espèces : la girafe nubienne (camelopardalis), d’Afrique de l’Ouest (peralta) et de Kordofan (antiquorum).
- La girafe du sud (Giraffa giraffa). Elle compte deux sous-espèces, celle d’Angola (G. g. angolensis) et celle d’Afrique du Sud (G. g. giraffa).
Cette découverte établie en 2016 a permis de montrer que les girafes étaient trop peu étudiées.
Meru compte de nombreuses girafes réticulées. On la différencie facilement des autres espèces grâce à son pelage composé de carreaux polygonaux. Si elles possèdent bien deux ossicônes (cornes osseuses), je n’ai jamais vu autant d’excroissances osseuses sur le front, parfois derrière les oreilles, chez les autres espèces de girafe. Les mâles en sont particulièrement pourvus. Ces excroissances osseuses alourdissent leur tête, ce qui est un avantage en cas de combat avec un rival.
De gros troupeaux de buffles et de petits groupes d’éléphants
Au beau milieu de ces bouts de terre arides, j’ai pu observer de grands troupeaux de buffles, parfois curieux, le plus souvent stoïques devant nos objectifs, occasionnellement craintifs. Bon, je vais vous avouer un truc, ce n’est pas le mammifère que j’aime le plus photographié. Qu’il soit un Big 5 m’importe peu. Il se passe rarement quelque chose avec un buffle, sauf quand il est attaqué par des lions (ce que je ne lui souhaite pas) comme ce fut le cas dans le cratère Ngorongoro. Cette fois-ci, rien de tout cela. Ceci dit quand on fait un safari à pied, c’est une autre histoire. On se sent minuscule face à la masse du buffle d’Afrique. C’est vraiment la sensation que ça m’avait fait lorsque j’avais marché sur l’Olifants River Backpacking Trail dans le parc national Kruger.
J’ai aussi pu observer de petits troupeaux d’éléphants composés de quelques individus, huit tout au plus. Rien à voir avec les grands troupeaux d’éléphants de Tsavo Est. Mais contrairement aux buffles, il se passe toujours quelque chose avec les éléphants. Les regarder se déplacer, manger, se chamailler, charger, est toujours un grand plaisir.
Sur la piste des rhinocéros
Parmi les gros mammifères, les rhinocéros blancs et noirs, inscrits sur la liste rouge de l’UICN, peuvent être observés dans le parc national Meru. Ils sont confinés dans le sanctuaire des rhinocéros. En 2018, la superficie du sanctuaire est passée de 48 km² à 83,5 km² grâce à Sheldrick Wildlife Trust, une des associations que j’ai citées dans mon article 10 associations à soutenir pour la protection des animaux sauvages.
Dans le même temps SWT avec le Kenya Wildlife Service ont construit deux bases supplémentaires pour la protection des rhinocéros ; ils ont aussi érigé une clôture électrifiée autour du sanctuaire et ont créé 20 corridors permettant à tous les animaux sauf aux rhinocéros d’aller et venir dans et en dehors du sanctuaire.
En 2017, il y avait 61 rhinocéros blancs et 28 rhinocéros noirs. Nous n’avons qu’un rhinocéros blanc lors de notre safari dans le sanctuaire et les conditions d’observation n’étaient pas idéales avec beaucoup de branchage devant.
Avec une densité touristique faible, le parc national Meru dégage une atmosphère d’out of Africa et d’authenticité. Quel plaisir de pouvoir observer la faune sans avoir une horde de 4×4 autour du sien. Je vous conseille fortement de faire un safari à Meru mais ne le crier pas haut et fort…
Cahier pratique pour un safari dans le parc national Meru
Comment se rendre au parc national Meru ?
Vol international jusque Nairobi puis par la route en passant par Nanyuki. Comptez 7 heures de route. Une bonne option peut être de s’y rendre en faisant une halte de quelques jours dans la Ol Pejeta Conservancy à mi-chemin.
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Quand y aller ?
Le parc national Meru peut-être découvert toute l’année. L’observation des mammifères est meilleure pendant la saison sèche de juin à octobre.
Meru offre également de bonnes possibilités d’observation des oiseaux tout au long de l’année, mais la meilleure période va de novembre à avril lorsque les migrateurs d’Europe et d’Afrique du Nord sont présents.
Où dormir ?
Il y a peu d’hébergement dans le parc national Meru. Il y a le superbe et luxueux Elsa’s Kopje et rien d’autre à l’intérieur du parc national, le Leopard Rock Lodge étant fermé lors de mon passage.
A deux km de la Murera Gate, l’Ikweta Safari Camp est une solution à la fois confortable et relativement bon marché. Un excellent rapport qualité/prix. C’est ici que j’ai dormi. Vous pouvez lire mon article sur l’Ikweta Safari Camp.
Guides d’observation
- Tourisme : Lonely Planet Kenya – Guide du Routard Kenya Tanzanie
- Littérature : Un lion nommé Christian. C’est l’histoire incroyable et émouvante d’un lion acheté à Londres à la fin des années 60 et remis en liberté dans le nord Kenya.
- Faune : Kenya-Tanzanie : Le guide du safari, faune et parcs. Bien qu’il date de 2007 et qu’il n’a pas été réédité, ce guide reste la référence francophone pour les safaris au Kenya et en Tanzanie. Et aussi Guide photo des grands mammifères d’Afrique.
- Oiseaux : Birds of Kenya and Northern Tanzania (en anglais) ou Birds of East Africa (Kenya, Tanzania, Uganda, Rwanda, Burundi) (en anglais) disponible aussi en application IOS et Android.
Avec qui faire son safari au Kenya ?
Pour votre safari au Kenya, je vous conseille d’adresser votre demande de voyage sur mesure auprès des deux agences de voyage francophones avec qui je travaille au Kenya. Je les ai sélectionné pour leur sérieux et leur capacité à répondre aux demandes personnalisées. Contactez Carlo et ou Jean-Yves, Expert sur le Kenya.
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Je m’appelle Grégory et je suis l’auteur de My-Wildlife, mon blog sur les safaris, l’ornithologie et l’observation animalière. Si comme moi, tu aimes la nature, suis mes conseils et inspire-toi de mes carnets naturalistes pour voyager en découvrant la vie sauvage. J’accompagne aussi des voyages photo qui offrent la possibilité de progresser en photographie tout en bénéficiant d’excellentes conditions d’observation et de prises de vue.
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Gregory, as-tu les sources relatives à cette info sur les girafes STP ? 4 espèces de girafes, on n’a jamais fini d’apprendre, merci !
Amitiés Merci. Jy
Salut Jean-Yves. Plusieurs médias en ont fait l’écho en 2016. Par exemple : https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/grands-mammiferes/il-n-existe-pas-une-espece-de-girafes-mais-quatre_104880 ou encore https://www.nature.com/news/dna-reveals-that-giraffes-are-four-species-not-one-1.20567.