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Faut-il faire un safari dans le parc national de Yala ?

J’ai réalisé plusieurs safaris dans le parc national de Yala lors de mes voyages naturalistes au Sri Lanka.  Avant de m’y rendre, j’avais pu lire certaines réserves de visiteurs indiquant que Yala était un parc national surfréquenté. C’est un peu le cœur de mon article. Faut-il oui ou non faire un safari dans le parc national de Yala ? Réponse.

Si vous vous posez la question suivante : Où faire un safari au Sri Lanka ? Je vous conseille de lire cet article avant celui sur le parc national de Yala.

Le Parc national de Yala

D’une superficie de 1 300 km², le parc national de Yala a été créé en 1938. Il se situe dans le sud-est du Sri Lanka dans une région constituée de forêts sèches, lacs et lagunes saumâtres. Ses paysages sont splendides.

Il est réputé pour l’observation des léopards dont il aurait la plus grande densité au monde et des ours paresseux comme des éléphants. Il compte 44 espèces de mammifères. Il est aussi une très belle destination pour l’observation des oiseaux avec 215 espèces comptabilisées.

Le parc national de Yala est-il surfréquenté ?

Le parc national de Yala est le plus populaire du Sri Lanka. Sa fréquentation est passée de 43 400 visiteurs en 2008  à 658 000 en 2016 selon un article du Sunday et je pense même que la tendance s’est confirmée jusqu’à la pandémie de Covid-19 (depuis le nombre de visiteurs a un peu baissé). Un boom touristique qui n’est hélas pas sans conséquence.

Yala est composé de 6 blocs depuis l’annexion récente du parc national Lunugamwehera à Yala (Yala Bloc 6). Le problème du parc national, c’est que la très grande majorité des visiteurs font un safari dans le bloc 1 qu’on nomme parfois Yala West.

C’est ce bloc 1 du parc national de Yala qui est surfréquenté, particulièrement en pleine saison sèche entre décembre et mars. J’ai réalisé plusieurs journées de safari dans le bloc 1 au mois de janvier 2020 et en février 2023. C’était complètement insupportable en 2020 et le wek-end en 2023. Ces jours là, plus de 300 voitures étaient entrées sur la journée, aux mêmes horaires et par la même porte, soit le matin à l’ouverture des portes du parc national et vers le milieu d’après-midi. Parfois, le pic atteint 700 véhicules par jour.

Retour sur mes safaris en 2020

Je suis rentré déçu, déprimé et même en colère d’avoir participé à cette mascarade peu respectueuse des animaux. C’est simple, ce fut un défilé constant de jeeps conduites par des chauffeurs indisciplinés et peu respectueux des animaux. J’ai vu des éléphants stressés et effrayés devant des véhicules trop proches, n’hésitant pas à klaxonner et à faire du hors-piste pour sortir de l’embouteillage voire même à sortir du véhicule. Les chauffeurs sont imprudents et dépassent allègrement la limitation de vitesse pour être les premiers sur une observation.

Voir des animaux et des oiseaux dans ses conditions là : NON MERCI !

Au-delà de l’impact sur la santé des animaux cette surexploitation pose un réel souci environnemental car plus il y a de visiteurs, plus il y a de pollution et plus le parc national nécessite de l’entretien. Il est impératif que le Department of Wildlife Conservation (DWC) limite l’accès au bloc 1 et entame une nouvelle façon de gérer le parc national de Yala, plus en faveur de la conservation de la faune et de la protection de l’écosystème.

Bien entendu, les bouchons ne prennent vie que pour certains mammifères phares comme les éléphants et surtout le léopard et l’ours. Pour les oiseaux et les autres mammifères, les observations sont plus tranquilles même si une voiture n’est jamais très loin. Globalement, l’impression de gâchis est bien présente et la surexploitation insupportable pour un amoureux de la nature comme moi.

Et après le covid-19 : toujours autant de touristes dans le bloc 1?

Je suis retourné au parc national de Yala en février 2023 après l’épisode de la pandémie de Covid-19. J’ai consacré deux journées de safari dans le bloc 1, une en semaine et une un jour de fête nationale.

En semaine et en évitant l’entrée principale, on a pu faire de très belles observations de léopards. Nous étions seuls en début de matinée et six autres véhicules nous ont rejoint plus tard. ça n’est pas allé au delà et j’ai vraiment été ravis de vivre cette expérience. Le reste de la journée, on a pu croiser en chemin les espèces suivantes d’oiseau : guêpier d’Orient, guêpier à queue d’azur, tantale indien, martin-chasseur de Smyrne, coq de Lafayette, bec-ouvert indien, tisserin manyar, grande aigrette, capucin à dos marron, paon bleu, échasse blanche, chevalier guignette, chevalier sylvain, pygargue blagre, chevalier gambette, aigle huppé et j’en passe. Côté mammifère et reptile, sanglier, cerf axis, buffles d’Asie, crocodile, varan, éléphant d’Asie, mangouste indienne grise, chacal doré ont été de la partie. Franchement pas mal pour une journée de safari à Yala.

 

Pour le second safari à Yala, c’était jour de pleine lune et donc de Poya. L’état offrait donc un certain nombre de places gratuites pour les Sri Lankais. Autant vous dire que c’était full de chez full côté 4×4. Par conséquent les observations ont été bien moins intéressantes pour les grands mammifères et on a fuit les sightings de léopards où plus de 50 véhicules s’amassaient les uns derrière les autres pour ne rien voir. On s’est fait plaisir avec les oiseaux ce jour là même si on a fait une très belle furtive observation de chacal doré. Pour la sortie, on n’a pas pu échapper aux embouteillages menant à la porte de sortie en raison de la présence d’un léopard.

Comment éviter le monde au parc national de Yala ?

Il y a quatre façons d’éviter la surfréquentation du parc national de Yala :

La première consiste à ne pas venir en pleine saison sèche et à privilégier la saison plus humide. Et encore, ça ne garantie pas qu’il n’y aura pas de monde car la région concentre beaucoup de tourisme. Hors saison, renseignez-vous auprès de votre agent de voyage ou de votre hôtel en précisant bien que vous recherchez un safari respectueux des animaux.

La seconde consiste à éviter les week-ends et les jours de fêtes nationale car les sri-lankais font aussi beaucoup de safari. Là aussi rien ne garantit qu’il y aura peu de monde.

Une autre façon de réduire la surfréquentation des jeeps, c’est de remplir les jeeps à au moins 4 personnes. Ne partez pas seul en safari dans une jeep.

Ma dernière recommandation est de faire un safari dans le parc national de Yala dans un bloc autre que le 1. C’est le choix que j’ai fait les jours suivants. Mon guide me disait que le bloc 2 recevait aussi de plus en plus de monde car il est lui aussi assez proche de la ville de Tissamaharama où se concentrent les hôtels. J’ai pour ma part réalisé des safaris dans le bloc 5 et le bloc 6 du parc national de Yala et je n’ai pas été déçu.

Récit de mes safaris à Yala dans le bloc 5

Après l’extrême déception de mon safari la veille dans le bloc 1 (en 2020), je suis parti une demi-journée faire un safari l’après-midi dans le bloc 5 après avoir découvert le matin même le parc national de Bundala, petit paradis ornithologique à l’ouest de Tissamaharama.

Direction la porte de Gale Est pour entrer dans le bloc 5. Il nous a fallu un peu moins d’1 heure pour rejoindre la porte depuis le Blue Hôtel à Tissamaharama. La porte du bloc 5 fait face à celle du bloc 4. C’est la route qui sépare les deux blocs. Le bloc 5 est un petit bloc de 66,5 km². Une demi-journée suffit pour le découvrir. Il est possible de partir toute la journée en safari en se rendant aussi dans l’ex parc national de Lunugamvehera, maintenant le bloc 6 de Yala.

Avant de vous parler des observations que j’ai pu y faire, je peux d’ores et déjà vous dire que j’ai rencontré beaucoup moins de jeeps que dans le bloc 1.

La végétation est ici différente du bloc 1. Les forêts sont plus denses et plus vertes et les arbres plus grands.

Les cerfs axis s’encornent

A peine sommes-nous entrés dans le bloc 5 que nous croisons nos premiers cerfs axis. Un groupe de 10 individus mâles et femelles visibles dans une clairière et en bordure de la forêt. Ils broutent l’herbe verte.

Parmi eux, deux mâles s’empoignent corne contre corne et se poussent. C’est un comportement caractéristique des mâles cerfs axis. Parfois, ils peuvent se mordre aussi mais dans ce combat  ci, ils ne l’ont pas fait. Comme vous pouvez le voir sur la photo, le mâle dominant est celui qui a les larges cornes et c’est sans surprise que l’autre individu stoppe le premier le combat. Ils repartent très vite à leur occupation favorite : manger de l’herbe.

L’aigle huppé sur sa branche

Toujours sur cette longue piste qui traverse la forêt en direction du réservoir de Weheragala, nous croisons un aigle huppé sur sa branche. Endémique au sous-continent indien, c’est un très beau rapace : silhouette svelte, gorge, poitrine et flancs rayés de brun sombre, longue huppe noire formée de 4 plumes.

L’aigle huppé comprend 6 sous-espèces. Sur l’ensemble du Sri Lanka, on peut voir Nisaetus cirrhatus ceylanensis. Il aime les forêts ouvertes. Ce n’est pas un hasard si on le trouve perché sur une branche le long de la piste. La piste ouvre la forêt et facilite sa chasse. Il attend sagement qu’une proie s’offre à lui. Nous ne serons pas aussi patients que lui. Surtout que nous croisons un 4×4 qui vient de voir un léopard.

On en reverra d’autres dans le même après-midi.

Sur les traces du léopard

Nous nous mettons sur la trace du léopard. L’autre 4×4 prend une piste, nous en prenons une autre pour quadriller la forêt. Le chauffeur coupe le moteur. Nous écoutons religieusement les sons de la forêt à la recherche du moindre indice de la présence du léopard. Pas de cris d’alerte de cerf axis ou de langurs.

Le chauffeur redémarre le moteur et avance lentement jusqu’au lit de la rivière Menik. Une nouvelle fois, nous coupons le moteur et attendons. Peut-être le léopard aura-t-il l’idée de traversée la rivière ou de venir y boire ?

Rien de tout ça ne se passa. Nous repartons finalement explorer la jungle du bloc 5 en quête de nouvelles rencontres faunistiques.

Le calao de Malabar

Parmi les oiseaux très impressionnants du Sri Lanka, le calao de Malabar tient la dragée haute avec sa tête casquée. J’ai observé plusieurs spécimens dans le bloc 5 à la cime des arbres non loin du réservoir. Ils doivent s’y trouver régulièrement car l’espèce aime bien rester près des points d’eau.

Pour différencier mâle et femelle, c’est assez simple. Il faut regarder l’iris. Celui du mâle est rouge.

Les guêpiers

Des 4 espèces de guêpiers présentes au Sri Lanka, j’en verrai deux pendant mon safari dans le bloc 5 du parc national de Yala : le guêpier d’Orient et le guêpier à queue d’azur et le guêpier de Leschenault au bloc 1.

Je suis toujours ébahi quand je croise sur ma route un guêpier. Les méropidés sont toujours de magnifiques oiseaux.

La perruche à collier et les autres oiseaux rencontrés

De nombreux autres oiseaux ont été observés dans le bloc 5. Bien que de petite superficie, il est vraiment propice à l’observation des oiseaux.

L’observation qui m’a bien fait plaisir, c’est celle de la perruche à collier tranquillement postée à l’entrée de son nid dans le trou d’un tronc. Tapis dans son nid, je ne peux voir s’il y a un collier noir qui fait le tour de son cou. Ça m’aurait permis de définir le sexe. Mâle avec le collier, femelle sans.

J’ai pu immortaliser la rencontre de quelques autres espèces : pie-grièche brune, prinia simple, rollier indien, martin-pêcheur pie, milan sacré, paon bleu pour ne citer qu’eux.

Quelques photos de mon safari à Yala bloc 5 en 2023

Sur la route pour la gate du bloc 5 du parc national Yala, on croise un bus qui s’est arrêté prêt d’un éléphant. Un des passagers a jeté du pain pendant qu’un autre prend des photos avec son smartphone. C’est vraiment affligeant de voir cela en 2023 mais les locaux ne semblent pas mesurer ni le danger ni l’intolérance pour la vie sauvage que suscite ce type de comportements (en même temps, je ne suis pas sûr non plus qu’en France la majorité de la population soit différente).

Cette demi-journée à Yala a été tranquille du point de vue des 4×4 rencontrés et plutôt pluvieuse. Voici quelques images.